FÊTE DE LA CROIX GLORIEUSE

(Jeudi 14 Septembre 2023) 
EVANGILE DE SAINT JEAN 3, 13-17 
 
13  Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. 
14 De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, 
15 afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. 
 
16 Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. 
17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. 
 

Introduction 
Le 14 Septembre, l’Eglise Catholique fête la Croix Glorieuse de Jésus-Christ. Le bois de la croix, arbre mort, est devenu après la Résurrection arbre de vie. Cette fête célèbre non l’instrument du supplice mais la force de l’amour de Dieu qui donne le salut aux hommes. 
C’est le 14 septembre 330 que l’on a retrouvé à Jérusalem la Croix du Christ. Cet évènement fut célébré chaque année par le rite de l’exaltation de la Croix, transféré par la suite à Rome. En 1960 on lui donna le nom de « Fête de la Croix Glorieuse ». 
La liturgie de ce jour propose de méditer le chapitre 3, versets 13 à 17  de l’Evangile de St Jean. Les versets 13,14 et 15 exposent la Crucifixion non comme un supplice infamant, mais comme le don de la vie éternelle. Les versets 16 et 17nous révèlent que Dieu, par amour, a envoyé son Fils pour sauver le monde. 
 
Méditation 
V 13. Le verset 13 poursuit l’entretien que Jésus a avec Nicodème au sujet de la nouvelle naissance (Jn 3,1-21). Jésus est amené à évoquer le Fils de l’homme, le seul qui soit monté au ciel et descendu du ciel. 
Dans les Evangiles Jésus se désigne lui-même comme le Fils de l’homme, expression que l’on retrouve dans le livre du prophète Daniel  évoquant un « Fils d’homme » qui se trouve à la droite de Dieu sur les nuées du ciel (Dn 7,13-14). En tant que Fils de l’homme descendu du ciel, Jésus dévoile le contenu authentique de son identité divine (C.EC §440). La descente du ciel est réalisée dans l’Incarnation : « Moi je suis le pain vivant descendu du ciel » (Jn 6,51). Lui seul montera au ciel à la Résurrection : «Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu» (Jn 20,17). 
 
V 14 -15. Ces deux versets sont composés d’une seule phrase qui associe deux évènements : un récit de l’Ancien Testament, le serpent élevé dans le désert par Moïse et Jésus élevé sur la Croix. 
Les Hébreux, harassés dans le désert par la faim et la soif, avaient récriminé contre Dieu et contre Moïse. Ils en ont été punis par la morsure brûlante et mortelle de serpents. Sur l’ordre du Seigneur, Moïse avait dressé au sommet d’un mât un serpent de bronze. «Quand un homme était mordu par un serpent et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie» (Nombres 21,9). 
Comme le serpent a été élevé par Moïse, le Fils de l’homme est élevé sur la Croix. Dans la Bible, ce verbe signifie un déplacement spatial vers le haut et l’exaltation à la droite de Dieu. Ainsi la mort de Jésus sur la Croix symbolise son élévation en gloire. La Croix est le signe du salut, comme jadis le serpent de bronze élevé par Moïse était source de vie.  
Le verset 15 ajoute deux précisions importantes : il faut croire en Dieu ; la vie sera la vie éternelle. Mais qu’est-ce que la vie éternelle ? «La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ» (Jn 17,3). La vie éternelle signifie la vraie vie qui peut être vécue dès maintenant. C’est la vraie vie qui ne peut être détruite par rien ni par personne (Benoît XVI). 
 
V 16-17. Ces deux versets parallèles exposent les motivations du projet de salut de Dieu : 
– Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils. 
– Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour le sauver. 
Cette double affirmation situe Dieu et son amour comme la réalité fondatrice et absolue de son action: la vie éternelle pour les croyants (v16), l’universalité du salut (v17). Dans les deux cas, c’est le Fils qui est à l’œuvre. 
  Les négations utilisées servent à exprimer la liberté de l’homme qui a le choix entre deux options : se perdre ou avoir la vie éternelle (v 16) ; être jugé, c’est-à-dire condamné, ou être sauvé (v 17). L’alternative vie/mort s’enracine dans l’Ancien Testament  en lien avec le thème de l’Alliance. (Deutéronome 30,15-19). 
 
Conclusion 
Dans les Evangiles de Matthieu, Marc et Luc, la Croix est considérée comme le lieu de la souffrance, de l’humiliation. Pour l’évangéliste Jean, la mort de Jésus sur la Croix symbolise l’élévation en gloire: la Crucifixion et la Résurrection sont inséparables. 
Depuis 2.000 ans la Croix est l’expression majeure du christianisme et de tous les chrétiens. Le signe de la Croix est un des gestes les plus fondamentaux de la prière chrétienne. Il est fait « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », expression de la foi trinitaire qui habite le croyant : l’existence d’un Dieu-Amour révélé par l’incarnation de Jésus-Christ dans la lumière du Saint-Esprit. 
 
Hélène Piéchon-Palloc