Psaume 130 (liturgie du Dimanche 5 Novembre)

Dimanche 5 Novembre 2023 (31° dimanche du Temps Ordinaire)

01 Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ;

je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent.

02 Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ;

mon âme est en moi comme un enfant,

comme un petit enfant contre sa mère.

03 Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais.

 

Introduction

Ce petit psaume développe en quelques mots un thème cher à toute la littérature religieuse : l’enfance spirituelle. Le verset 2 évoque l’image d’une mère avec son petit enfant blotti entre ses bras, signe de l’amour tendre et maternel de Dieu. Cette attitude du Seigneur parcourt toute le Bible : « Oui, j’ai aimé Israël dès son enfance, et pour le faire sortir d’Egypte, j’ai appelé mon fils…Je le guidais avec humanité par des liens d’amour ; je le traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue ; je me penchais vers lui pour le faire manger » (Osée 11,1.4). De nos jours, ce thème évoque pour nous Sainte Thérèse de Lisieux, sa « petite voie », son désir de « rester petite » pour « être entre les bras de Jésus ».

Méditation

V 1. Cet esprit d’enfance est caractérisé d’abord par quatre propositions négatives. Il est en opposition radicale avec un cœur fier, orgueilleux et arrogant, qui se manifeste par le désir d’acquérir toujours plus d’honneurs et de richesses pour s’élever toujours plus haut aux yeux des autres, dans un sentiment de supériorité (parabole du pharisien et du publicain, Luc 18,9-14).

Au contraire, chez le psalmiste, on devine que son regard sur les gens et les évènements de la vie est empreint de bienveillance et de respect, de douceur. Il ne se laisse pas griser et emporter par l’attrait du sensationnel. Il n’a pas de projets qui dépasserait ses capacités humaines car il connait ses limites. Il sait que les merveilles qui sont si souvent évoquées dans la Bible appartiennent à la sphère du divin : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles, Saint est son Nom » s’exclame la Vierge Marie dans son Magnificat (Luc 1,49).

V 2. Après avoir exposé négativement, dans le verset 1, en quelle voie il ne désire pas s’engager, le psalmiste précise de façon positive le chemin qu’il a choisi de suivre. Pour cela il utilise une image simple, belle et très humaine : celle du petit enfant qui repose contre sa mère.

Le « non » raye d’un trait de plume et d’une façon définitive l’attitude de l’homme orgueilleux. Il présente au Seigneur son âme qu’il ressent en lui dans le calme et la tranquillité. En effet, Dieu attire à Lui tous ceux qui veulent s‘abandonner à son amour. Il établit l’âme dans le repos, un recueillement intérieur rempli d’une grande paix. Le priant n’a qu’a s’ouvrir à la présence de Dieu ; s’oubliant lui-même, il se laisse combler par le don de Dieu. C’est le secret de la vie spirituelle.

Ce n’est pas un chemin facile. Il faut auparavant avoir lutté contre toutes les attitudes évoquées au verset 1, dans une difficile désappropriation de soi. Jésus nous dit que l’on a à devenir enfant pour entrer dans le Royaume des cieux : « Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille moi » (Matthieu 18, 1-5).

V 3. Ce dernier verset élargit la perspective à toute la communauté des croyants : Israël, le peuple élu dans l’Ancien Testament, l’Eglise dans le Nouveau Testament.

L’expérience toute personnelle de l’abandon du croyant dans la paix et la confiance entre les bras de son Dieu ne peut faire oublier les souffrances et les angoisses de son peuple. C’est pourquoi le psalmiste invite Israël et tous les croyants à se tourner vers Dieu dans les crises qu’il traverse, avec la même sérénité et la même confiance, c’est-à-dire avec le même abandon de l’enfant qui cherche refuge dans les bras de sa mère.

Conclusion

Quand un échec ou une maladie grave survient, ne nous laissons pas submerger par l’angoisse et l’amertume. Relisons ce psaume en nous tournant vers notre Seigneur, en nous abandonnant avec confiance à son amour. « Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce. Abaissez-vous donc sous la main puissante de Dieu, pour qu’il vous élève en temps voulu. Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu’il prend soin de vous. » (1 Pierre 5, 5-7). 

Hélène Piéchon-Palloc

Illustration : La Vierge et l’Enfant, 1450 / 1500 (2e moitié du XVe siècle), Ghirlandaio, Domenico