Édito de Janvier
Histoire de famille
Si nous regardons l’histoire de la famille de Jésus avec Marie et Joseph, si nous nous laissons enseigner par elle, que de bouleversements, d’événements imprévisibles, par-delà nos sagesses trop humaines. On passe souvent trop vite sur ces événements.
Cette double annonciation faite à Marie et à Joseph, dans l’Évangile de Luc et de Mathieu, (Luc- 1,26 et Mat- 1,18) et qui vient bouleverser leurs projets… jusque dans leur intimité de couple et dans la confiance accordée à l’autre, où il faut dépasser les apparences.
L’impossible à vue humaine devient possible, Jésus est engendré dans l’amour du Père par le don de l’Esprit Saint et enfanté dans le sein de Marie. Jésus, « humanité de Dieu », notre humanité, au cœur de la trinité.
Et puis la naissance de Jésus dans l’errance et la pauvreté, à la périphérie comme on dirait aujourd’hui : « Vous n’aurez d’autre signe, dit l’Évangile de Luc, que celui d’un enfant nouveau-né couché dans la paille ». On peut souhaiter mieux !
Mais cela ne s’arrête pas là …,Il y a la fuite en Égypte, de nuit et en secret, pour éviter la fureur criminelle du roi Hérode et le massacre des enfants innocents. Combien sont-ils encore aujourd’hui ?
Cet exil, comment se passe-t-il ? On peut comprendre que cela n’a pas été facile tous les jours !
Combien de familles réfugiées aujourd’hui ?
Là aussi il s’est agi pour Marie et pour Joseph de croire à la parole de Dieu qui s’est manifestée dans le secret de leur cœur, au point d’orienter toute leur vie en fonction d’elle.
Seigneur, viens au secours de mon manque de foi !
Cette Parole qui les conduit à revenir dans le village de Nazareth où il faut refaire sa vie.
Quelle confiance, quelle foi dans l’épreuve, et que de nuits à traverser ; tout ce qu’il leur a fallu accepter sans toujours comprendre, loin de là ! Humblement Marie médite ces événements qui brisent la continuité d’une vie familiale paisible.
L’exemple le plus connu est celui de la « fugue » de Jésus qui reste trois jours au temple de Jérusalem à leur insu et qui leur dit cette parole vraiment surprenante : « Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ? ». Parole qu’elle ne comprend pas. Mais qu’est-ce qu’il a dans la tête?
Accepter d’être dépassé, en se laissant conduire là où l’on n’aurait jamais pensé aller.
Ce fils qui leur échappe, qui les inquiète au début de sa vie publique, pressé par la foule qui veut le faire Roi, et objet d’une animosité grandissante de la part des chefs des prêtres, animosité qui ira jusqu’à la mort et la mort sur une croix, où nous savons qu’au moins Marie est présente et se tient debout. Rester debout et espérer. Marie a porté seule jusqu’au bout l’espoir du monde.
On ne peut pas dire que tout se passe pour le mieux à vue humaine !
Et puis cette résurrection, événement inouï ou l’impossible de Dieu est à l’œuvre dans l’étonnement et la joie, mais aussi dans le doute.
Bienheureuse, celle qui a cru à l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur
(Luc 1-45).
Si maintenant nous regardons nos propres familles, combien de fois avons-nous été étonnés, émerveillés mais aussi déroutés, désemparés ? Dans la nuit, les doutes ? Avons-nous bien fait, ne sommes-nous pas dans l’erreur ?
Et pourtant, quelle école du don, quelle école de vie peut être la famille !
Gardons-nous cependant de tout angélisme car cette aventure humaine et spirituelle qu’ont vécu Marie et Joseph est bien autre chose qu’un chemin de roses ! Que de confiance dans la Parole, au-delà du visible et dans la nuit ?
Mais c’est précisément dans cette foi que se fonde la maternité spirituelle de Marie.
Cela rend la Sainte famille proche de nous, proche de nos propres familles, à travers joies, soucis et interrogations! Comment ne pas se retrouver à tel ou tel endroit, à tel ou tel épisode ?
En méditant sur ces événements, le moins que l’on puisse dire, c’est que Jésus de Nazareth, Fils de l’Homme et Fils de Dieu puisqu’il s’agit de lui, n’a pas escamoté son humanité ; il l’embrasse au contraire , dans la joie et la souffrance, la vie et la mort, pour notre vie à tous . H. Gruère