Méditation du chemin de croix aux jours de pandémie

Seigneur, en ces jours où notre monde et tous nos repères sont chahutés et bouleversés par la pandémie liée au Covid19, nous voulons Te rejoindre sur le chemin qui Te mène à la croix. Nous
savons que, là, Tu nous précèdes depuis toujours et que Tu veux nous montrer le chemin vers la Vie.
Donne-nous la force et la foi de pouvoir Te suivre dans le don que Tu fais de Toi-même au cœur de ce qui semble l’absurde. Fais-nous la grâce de pouvoir vivre ce chemin de croix en communion avec tous nos frères humains de par le monde, touchés comme nous par cette maladie. Seigneur, c’est vers Toi que nous nous tournons : éclaire-nous, accompagne-nous, sauve-nous !
Notre Père
1ère station : Jésus est condamné à mort
« Alors le Grand Prêtre déchira ses vêtements en disant : « Il a blasphémé ! Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Là, vous venez d’entendre le blasphème ! Qu’en pensez-vous ? » Ils répondirent : « Il est passible de mort. » » (Mt 26, 65-66)
Notre monde, comme Jésus, semble faire l’objet d’un jugement de mort aujourd’hui. Pourtant, comme Jésus encore, nos actions n’étaient pas beaucoup plus mauvaises et plus injustes qu’avant. Bien sûr le non-respect de la nature a eu des effets sur la prolifération et les mutations des virus chez les animaux ; bien sûr la mondialisation, l’explosion des transports et l’interdépendance de nos pays a joué sur la diffusion… Mais, au fond, qu’avons-nous fait de mal ? Qu’ai-je fait, moi, pour déclencher un tel cataclysme ?… Cette question est la nôtre aujourd’hui : nous sentons qu’une certaine manière de vivre est fondamentalement remise en cause, nous sentons que nous avons notre part dans ce qui arrive mais, pour l’heure, comme le Christ nous ne pouvons que subir.
Seigneur, aide-nous à accueillir aujourd’hui ce réel que tu nous donnes, avec sa charge de peur, d’impuissance et d’incertitude.
Notre Père et Je vous salue Marie.
2ème station : Jésus est chargé de la croix
« Ils prirent donc Jésus. Et il sortit, portant sa croix, et vint au lieu dit du Crâne. » (Jn 18, 16-17)
Toute cette souffrance, ces angoisses et ces questionnements, nous ne sommes pas seuls à les porter. Le Christ, en prenant sur Lui notre humanité, a choisi, dès le départ, de tout assumer : le
meilleur comme le pire. Aujourd’hui. Il nous rejoint au cœur de ce qui est blessé par cette épidémie. Il rejoint chacun à sa manière propre : celui qui craint pour les siens éloignés, celui qui ne sait pas comment il survivra demain, celui qui lutte pour sauver des vies aujourd’hui dans une salle de réanimation. Chacune de ces croix, et plus particulièrement celles qui sont les plus cachées en nous et que la pandémie remet à jour, Il choisit de les prendre sur Lui avec nous. Seigneur, Tu nous as laissé ces mots avant de partir : « Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Donne-nous de croire et de voir. De croire au plus profond que rien ne t’est étranger dans ce qui se passe actuellement et donc que tout prendra mystérieusement un sens, celui de la Vie. Donne-nous aussi de Te voir, de Te sentir, à nos côtés, surtout quand nous n’en pouvons plus.
Notre Père et Je vous salue Marie.

3ème station : Jésus tombe pour la première fois
« Le Seigneur m’a ouvert l’oreille, et moi je n’ai pas résisté, je ne me suis pas dérobé. J’ai tendu le dos à ceux qui me frappaient et les joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats. » (Is 50, 5-6)
Jésus ne Se protège pas, ne Se dérobe pas. Il ne reste pas en dehors du drame que nous vivons. Il est là avec les malades dont « le souffle s’épuise et dont le cœur s’épouvante » (Ps 142, 4). Il est là avec les familles qui ne peuvent voir, toucher, réconforter leurs anciens en maison de retraite ou même honorer leurs morts. Il est là dans cette solitude où se retrouve chacun, privé de ses repères, de ses soutiens, de ce qui donne habituellement sens à la vie. Tout cela, le Christ le prend sur Lui, le fait entrer en Dieu. Comme le serviteur souffrant d’Isaïe qui rend tout son corps accessible au malheur qui le touche, c’est l’être même de Dieu qui se déploie au contact de la souffrance de Ses enfants.

Seigneur, apprends-nous à ne pas nous dérober à ce qui arrive. Donne-nous d’entendre les cris de nos frères sans jamais nous renfermer sur nos sécurités ou nos difficultés. Donne-nous les oreilles du disciple (Is 50, 4).
Notre Père et Je vous salue Marie.

4ème station : Jésus rencontre sa mère
« Jésus donc, voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’Il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui. » (Jn 19, 26-27)
Écrasé par la solitude, Jésus découvre cependant qu’Il n’est pas seul. Marie est là, comme elle l’a toujours été sur Son chemin, présence discrète, aimante et confiante. Cette présence, elle est là pour Lui, mais elle l’est aussi pour nous désormais à travers le disciple bien-aimé : « Voici ta mère. » Tous, nous pourrions nommer une personne qui nous a soutenus pendant ces temps difficiles. Une personne qui a pris le temps de demander des nouvelles, de nous relancer vers la vie alors que nous nous renfermions sur nous-mêmes, ou encore qui a su nous mettre en garde alors que nous nous sentions au-dessus de tous les dangers. Seigneur, béni sois-Tu pour toutes les mères qui ont su protéger la vie en nous et autour de nous
pendant ce temps de pandémie. Pour toutes celles qui ont prié pour nous et ont su nous soutenir par leur manière d’accueillir les événements.
Notre Père et Je vous salue Marie.

5ème station : Simon aide Jésus à porter la croix
« En sortant, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, et le requirent pour porter sa croix. » (Mt 27, 32)
Le Fils de Dieu n’en peut plus. Lui qui est tout, Il choisit d’avoir besoin de notre aide pour porter le poids du monde. Le plus souvent, nous nous sentons tout-puissants : nous sommes jeunes, l’avenir est devant nous, tous les possibles sont ouverts à celui qui entreprend ! La pandémie nous montre combien nous avons besoin les uns des autres. Que serions-nous sans ces personnels soignants qui se donnent à la limite de leurs forces pour arracher des vies à la mort ? Que serions-nous sans ces fonctionnaires et ces décideurs publics qui se dévouent pour organiser et planifier les diverses activités afin qu’elles puissent s’accorder et répondre efficacement aux défis changeants de la maladie ? Que serions-nous sans tous ceux qui continuent à rendre la vie possible, en acheminant de la nourriture, des médicaments ou des personnes, ou en assurant une présence pour que des abris soient ouverts pour les plus démunis ?
Seigneur, nous te confions tous les Simon de Cyrène de notre monde, connus ou inconnus. Ils sont là, juste derrière Toi, juste derrière nous. Que nous n’oubliions jamais combien la vie nous est donnée chaque jour par les autres.
Notre Père et Je vous salue Marie.

6ème station : Véronique essuie le visage de Jésus
« Alors, Marie, prenant une livre de parfum de nard de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux (…) Jésus dit alors : « Laisse-la : c’est pour le jour de ma sépulture qu’elle devait garder ce parfum. Les pauvres, en effet, vous en aurez toujours avec vous ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » » (Jn 12, 3 ; 7-8)
Au cœur de la foule qui se presse sur le chemin du calvaire et qui crie, une femme s’avance, discrète. Elle essuie le visage de Jésus. Un simple geste dont même les évangélistes ne se souviendront pas. Il en est de même pour nous. Par-delà l’action essentielle de tous ceux qui luttent en première ligne contre l’expansion de la pandémie, il y a tous ces gestes d’attention, d’humanité, de soin et de souci que nous pouvons poser les uns envers les autres. Ces gestes n’ont pas à, proprement parler d’efficacité : ils n’apportent pas de nouvelle information à la Whatsapp et ils ne règlent aucun problème. Ils forment cependant comme un filet d’humanité qui soutient le monde et le ramène à cet unique essentiel : « Tu as du prix à mes yeux » ou encore, comme l’écrit le prophète Isaïe : « Même si les femmes oubliaient leur enfant, moi, je ne t’oublierai pas. Vois, je t’ai gravé sur les paumes de mes mains. » (Is 49, 15-16)
Seigneur, ouvre l’intelligence de notre cœur à ces gestes d’humanité qui peuvent sauver et donne nous, après coup, de pouvoir contempler en nos mains le Visage que Tu y as laissé.
Notre Père et Je vous salue Marie.

7ème station : Jésus tombe pour la deuxième fois
« Comme un surgeon il a grandi devant lui, comme une racine en terre aride ; sans beauté ni éclat pour attirer nos regards, et sans apparence qui nous eût séduits ; objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu’un devant qui on se voile la face, méprisé, nous n’en faisions aucune cas. » (Is 53, 2-3)
Jésus tombe une deuxième fois. Cette fois-ci, ce n’est plus l’impact direct de la pandémie qui le met à terre mais ses conséquences économiques et sociales. Combien de personnes ont perdu ou perdront leur emploi durant cette crise, notamment dans les pays où font défaut les systèmes de sécurité sociale ? Combien de petites structures entrepreneuriales ne pourront jamais se relever après un tel cataclysme ? Combien de mendiants, de migrants, de personnes fragilisées ne pourront pas ou n’auront pas la force de se laisser soigner, accompagner ?… Cette lame de fond humaine qui ébranle notre monde hyper-connecté et interdépendant, le Christ la prend avec nous en pleine face et Il tombe, afin que nous non plus nous n’oubliions pas…
Seigneur, ouvre nos yeux sur les conséquences profondes de cette pandémie. Prions pour notre monde, pour tout ce qui devra être différent en son sein dans la phase de reconstruction et de
relèvement. Prions pour tous ceux qui sont sans voix et que la vague a déjà submergés.
Notre Père et Je vous salue Marie.

8ème station : Jésus parle aux femmes de Jérusalem
« Une grande masse du peuple le suivait ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Mais, se retournant vers elles, Jésus dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Car voici venir des jours où l’on dira : Heureuses les femmes stériles, les entrailles qui n’ont pas enfanté et les seins qui n’ont pas nourri !  (…) Car si l’on traite ainsi le bois vert, qu’adviendra-t-il du bois sec ? » » (Lc 23, 27…32) Nous prions et nous pleurons pour notre monde en souffrance… et nous avons raison. Cependant, Jésus nous mène plus loin comme Il le fit avec ces femmes de Jérusalem. Aujourd’hui, Il nous appelle à interroger ce qui doit changer dans nos vies pour que nous ne demeurions pas du bois sec. Qu’ai-je appris lors de cette pandémie et que je veux garder comme un trésor pour une vie différente après ? Quel besoin fondamental ai-je découvert en moi, besoin ou désir qui restait jusque-là voilé par le flux des activités et des obligations que je me faisais ? Quel appel à la fraternité, à la responsabilité et au don de moi-même me lance le monde à travers cette expérience de confinement, d’impuissance et de vide ?
Seigneur, rien n’est jamais perdu pour Toi. Tout devient lieu d’irruption des « cieux nouveaux et de la terre nouvelle » (Ap 21, 1) pour celui qui croit. Aide-nous à regarder en nous ce qui doit être converti et transformé sur ce chemin de Carême si particulier que nous vivons cette année.
Notre Père et Je vous salue Marie.

9ème station : Jésus tombe pour la troisième fois
« Tous, nous étions errants, chacun suivant son propre chemin, et Dieu a fait retomber sur lui nos fautes à tous. Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n’ouvrait pas la bouche. » (Is 53, 6-7) Jésus n’ouvre pas la bouche… et pourtant Il tombe. Tant de souffrances et de blessures inhérentes à cette pandémie restent cachées loin de nos regards. Drame des violences conjugales qui s’accroissent quand tout le monde doit vivre les uns sur les autres ; drame de ces peurs qui ne font qu’accroître les addictions diverses ; drame des plus fragiles en matière scolaire qui vont se retrouver définitivement lâchés et laissés à leur propre sort ; drame de l’ignorance qui fait sous-estimer les risques de contagion et qui met en danger des familles, des quartiers entiers ; drame de ces guerres qui continuent en toute impunité… Tout cela aussi le Christ le prend sur Lui, non pour juger des choix stratégiques qui ont été faits pour bloquer cette pandémie, mais pour que rien ni personne ne puisse être laissé de côté.
Prions pour ces effets apparemment secondaires de la pandémie qui détruisent un peu plus l’homme. Prions pour que chacun puisse trouver, en lui et autour de lui, des soutiens pour demeurer humain jusqu’au bout, de cette dignité qui se sent responsable de l’autre, de sa croissance et de sa vie.
Notre Père et Je vous salue Marie.

10ème station : Jésus est dépouillé de ses vêtements
« Puis ils se partagent ses vêtements en tirant au sort ce qui revient à chacun. » (Mc 15, 24)
La vie confinée sur la durée nous dénude de tout ce qui, habituellement, nous protège et nous permet de tenir debout : nos relations à l’extérieur, ce pour quoi nous nous croyons utiles ou essentiels (notre travail, nos groupes paroissiaux, nos amis…), nos activités (faire des courses, chanter, aller à l’église ou à la fac…)… Nous avons du temps comme jamais et pourtant nous nous y retrouvons perdus, butinant d’un lieu à l’autre, sans trouver de véritable goût à rien, jouant de plus en plus sur l’extériorité pour éviter d’entrer en nous-mêmes. Oui, nous voilà nus comme Jésus et nous ne voudrions pas que les autres nous voient ainsi. « Ce que je suis, c’est ce que je suis devant Dieu, et rien de plus » écrivait saint François d’Assise. Oserons-nous exister ainsi, loin de nos protections usuelles et simplement devant Dieu comme nous y invite cette crise que nous traversons ?
Seigneur, apprends-nous à entrer en nous-mêmes et à nous tenir devant Toi avec Ton Fils. Aide-nous à laisser tomber nos faux-semblants, nos beaux discours et nos justifications sur le sens de notre vie pour simplement Te regarder et T’écouter au plus profond, Toi qui nous appelles à une vie nouvelle.
Notre Père et Je vous salue Marie.

11ème station : Jésus est cloué à la croix
« Lorsqu’ils furent arrivés au lieu du Crâne, ils l’y crucifièrent ainsi que les malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Et Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » » (Lc 23, 33-34)
Jésus est là, suspendu : Il ne peut plus bouger. Et c’est de là que surgit Sa demande de pardon pour l’humanité : le don par-delà tout don jaillit du lieu de l’impuissance totale. Le Christ nous ouvre là un chemin : alors que nous nous sentons si impuissants à changer le cours des choses et même à nous investir pour sauver des vies (nous en aurions tellement envie au fond) ; alors que nous nous retrouvons cantonnés dans nos maisons protégées pendant que d’autres se donnent jusqu’au bout et que d’autres encore périssent… Alors, il nous est encore possible d’entrer dans la prière que Jésus adresse à Son Père qui est aussi le nôtre : « Pardonne-leur ! » Que notre prière se fasse demande de pardon pour notre monde, pour tout ce qui, en lui, détruit l’homme et la « maison commune », pour tout ce qui est refus de cette vocation de chacun à aimer et à se donner pour les autres. Seigneur, avec le Christ nous voulons te redire : « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! Pardonne-nous, nous ne savons pas ce que nous faisons ! »
Notre Père et Je vous salue Marie.

12ème station : Jésus meurt sur la croix
« A partir de la sixième heure, l’obscurité se fit sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. Et, vers la neuvième heure, Jésus clama en un grand cri : « Eli, Eli, lema sabachtani ? » c’est-à-dire « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (…) Or Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit. » (Mt 27, 45…50)
Jésus est là sur la croix, seul, désespérément seul… Même le Père se fait silencieux et il faut que ce soit Jésus qui Le convoque par Son cri. De même pour nous, Dieu semble se faire silence au coeur de cette pandémie : pourquoi tant de souffrances et tant de victimes malgré nos cris poussés vers Lui ? Comme le Pape François, désespérément seul sur la place Saint Pierre vendredi dernier, nous avançons sans trop comprendre ni où nous allons, ni le sens de ce chemin. Le seul repère qu’il nous reste, c’est Ta croix et le Christ qui nous dit par Sa vie donnée à jamais que nous ne serons plus jamais seuls, même si nous sombrons dans le plus sombre des doutes. Seigneur, apprends-nous à demeurer pendant ces jours qui nous séparent de Pâques devant Ta croix, qu’elle soit notre enseignante et qu’elle nous révèle comment accueillir la vie qui nous est donnée sans rien en refuser et en nous donnant nous-mêmes jusqu’au bout.
Notre Père et Je vous salue Marie.

13ème station : Jésus est descendu de la croix
« Après ces événements, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par peur des juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Pilate le permit. Ils vinrent donc et enlevèrent son corps. » (Jn19, 38)
Joseph et Nicodème selon saint Jean, Marie selon la tradition, tiennent le corps de Jésus entre leurs mains. Celui qui est la Vie n’est plus. Celui qui est le Verbe, Se tait. Un monde disparaît sous nos yeux avec cette pandémie, mais il demande à être recueilli entre des mains humaines, entre des mains croyantes qui espèrent contre toute espérance avec Marie. Autrement, nous risquons de traverser  l’épreuve et de tout recommencer comme avant, comme si de rien n’était. Alors, osons accueillir ce qui est mort dans nos manières d’exister, de vivre et de nous comporter ; ce que nous aurions aimé voir mourir parce que cela ne nous paraissait pas juste ou essentiel, mais également ce qui nous était cher, apparemment essentiel. Tout cela, osons le tenir entre nos mains avec Marie et l’offrir dans l’espérance.
Seigneur, fais-nous la grâce de l’espérance, non pas cette fausse espérance qui nous fait prier seulement pour notre survie, non pas l’espoir qui ne part que de nos propres capacités, mais
l’espérance qui vient de Toi, qui s’ancre en Toi « par-delà le rideau du sanctuaire » (He 6, 19)  et qui nous ouvre à un autre regard sur le monde, un regard qui nous engage et nous amène à nous donner.
Notre Père et Je vous salue Marie.

14ème station : Jésus est déposé au tombeau
« Nicodème – celui qui précédemment était venu, de nuit, trouver Jésus – vint aussi, apportant un mélange de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus et le lièrent de linges, avec les aromates, selon le mode de sépulture en usage chez les juifs. Or il y avait un jardin au lieu où il avait été crucifié, et, dans ce jardin, un tombeau neuf, dans lequel personne n’avait encore été mis. A cause de la Préparation des juifs, comme le tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus. » (Jn 19, 39-42)
Au tombeau, il nous faut laisser Jésus, Le laisser partir. C’est sans doute ce qui est le plus difficile avec un être cher : accepter qu’il parte, qu’il ne soit plus avec nous… Au terme de ce chemin de croix avec Jésus et avec notre monde crucifié par cette pandémie, nous voilà appelés à faire de même : à déposer tout ce que nous avons vécu, reçu, compris ou porté en communion. Oui, tout abandonner entre les mains de Dieu, certains que nous sommes dans la foi que Lui « a vaincu le monde » (Jn 16, 33).

(Chant)
Mon Père, mon Père, je m’abandonne à Toi,
Fais de moi ce qu’il Te plaira.
Quoi que Tu fasses, je Te remercie.
Je suis prêt à tout, j’accepte tout.
Car Tu es mon Père, je m’abandonne à Toi.
Car Tu es mon Père, je me confie en Toi.
Mon Père, mon Père en Toi je me confie.
En Tes mains je mets mon esprit.
Je Te le donne le coeur plein d’amour.
Je n’ai qu’un désir, T’appartenir.
Car Tu es mon Père, je m’abandonne à Toi.
Car Tu es mon Père, je me confie en Toi.
Notre Père et signe de croix.

Prière du Pape François pour la pandémie :
Ô Marie,
Tu brilles toujours sur notre chemin
comme un signe de salut et d’espoir.
Nous nous confions à toi, Santé des malades,
qui auprès de la Croix, a été associée à la douleur de Jésus,
en restant ferme dans la foi.
Toi, Salut du peuple romain,
tu sais de quoi nous avons besoin
et nous sommes sûrs que tu y pourvoiras
pour que, comme à Cana de Galilée,
la joie et la fête reviennent
après cette épreuve.
Aide-nous, Mère de l’amour divin,
à nous conformer à la volonté du Père
et à faire ce que nous dira Jésus,
qui a pris sur lui nos souffrances
et s’est chargé de nos douleurs
pour nous conduire à travers la Croix,
à la joie de la résurrection. Amen.