Comment peut-on garder le feu de la foi en cette époque difficile ?

Comment peut-on garder le feu de la foi en cette époque difficile ?

L’État nous demande de ne plus célébrer la messe en public. Un épisode de Maccabées peut nous inspirer aujourd’hui. L’histoire est surprenante et comprend une partie mystérieuse pour la raison. Mais le plus important avec ce passage biblique peu connu, c’est le modèle pour notre foi.
2e Livre des Maccabées 1, 18 – 25
Comme nous allons bientôt célébrer la purification du Temple, le vingt-cinq du mois de Kisléou, nous avons estimé devoir vous en informer, afin que vous la célébriez, vous aussi, à la manière de la fête des Tentes, et en souvenir du feu qui se manifesta quand Néhémie, après avoir rebâti le Temple et l’autel, offrit des sacrifices. En effet, lorsque nos pères furent emmenés en Perse, les prêtres d’alors, remplis de piété, prirent du feu de l’autel et le cachèrent secrètement dans la cavité d’un puits qui se trouvait à sec. Ils l’y mirent en sécurité de manière à ce que l’endroit demeure ignoré de tous.

Bien des années plus tard, au moment choisi par Dieu, Néhémie, envoyé par le roi de Perse, fit rechercher ce feu par les descendants des prêtres qui l’avaient caché. Ceux-ci informèrent Néhémie qu’ils n’avaient pas trouvé de feu, mais plutôt un liquide épais, et Néhémie leur ordonna d’en puiser et d’en rapporter. Quand on eut tout préparé pour les sacrifices, Néhémie ordonna aux prêtres de répandre ce liquide sur le bois et sur ce que l’on y avait déposé.

Après cela, il se passa un peu de temps. Le soleil, d’abord caché par les nuages, se mit à briller. Alors, un grand brasier s’alluma, à la stupéfaction de tous. Pendant que le sacrifice se consumait, les prêtres prononcèrent une prière et, avec les prêtres, tous ceux qui étaient présents. Jonathan commençait, et les autres, de même que Néhémie, joignaient leurs voix à la sienne.
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Le feu a été caché. Dans la guerre, dans l’esclavage, certains ont été courageux. Le feu a continué à brûler. La durée de l’épreuve a découragé la famille qui devait protéger le feu. On pensait qu’il n’y avait plus de feu. Seule restait la mémoire de ce feu sacré. Lors de la redécouverte de ce lieu, les prêtres ont regardé ce qui restait de ce feu. Ils ont trouvé un liquide épais. Ils ont préparé l’autel en mettant le liquide sur l’offrande qui elle-même était sur les pierres. Ils ont attendu. Le soleil s’est
levé, le feu a pris. Les flammes ont brûlé les offrandes. Ce fait exceptionnel fut vérifié par le roi.

Quel sens donner à cet événement ?
Cette histoire me touche parce qu’elle est une image de l’Église d’aujourd’hui. Hier ou au Moyen Âge, des épreuves comme celle d’aujourd’hui ont empêché la lumière de brûler dans le lieu de culte. Le feu est caché. Il a été confié à des personnes sûres. À l’époque des Maccabées, les prêtres ont protégé ce signe de la présence de Dieu dans le Temple.

Aujourd’hui qui prend soin de ce feu ?
Pour moi, les pasteurs, les prêtres, les acteurs de la pastorale, sont gardiens du feu. Il peut s’éteindre. Peut-être même que le désert est un moment inévitable de la vie de la foi. La disparition apparente du feu, si elle arrive, ne met pas en danger l’avenir de cette lumière. La mort, nous le savons avec Jésus, est provisoire avant la découverte de la résurrection. Dans le texte de Maccabées, la lumière restait éteinte. Elle était en puissance dans le liquide. Néhémie a fait preuve d’espérance en cherchant ce liquide. Il a agi avec ses moyens. Il ne possédait pas le feu. Il a mis le liquide sur l’offrande. Dieu, avec le soleil, a fait renaître les flammes. Les prêtres ont obéi à Néhémie sans savoir pourquoi ils faisaient ce travail. Ils ne se sont pas découragés. Ils n’ont pas refusé cet effort. À Cana, les serviteurs ont pris une eau simple sans savoir pourquoi. Jésus a changé cette eau qui est devenue vin de la vie éternelle. Les prêtres d’aujourd’hui succèdent aux serviteurs de Cana.

Pour notre Église aujourd’hui ?

Le feu, c’est notre foi qui est en danger de disparaître (fin des messes et des rassemblements). L’amour de Dieu est caché dans le puits de notre cœur. C’est la mission des prêtres, des laïcs engagés, de faire vivre ce feu qui est fragile dans ces épreuves. Plus encore, c’est une deuxième mission de le réveiller, car il y aura un bout au tunnel.

Ayons l’espérance. Le feu renaîtra chez nous, comme il l’a fait à l’époque des Maccabées.

P. Chakkotan,cmi – Thouars, diocèse de Poitiers