« Après la crise du coronavirus, quelle résurrection pour l’économie ? »

Pâques : la victoire de la vie sur la mort, et si ce virus nous aidait à replacer le vivant au milieu de notre société ?
Pâques est l’occasion pour chacun de nous de prendre conscience de la victoire de la vie sur la mort. À un moment où la mort rôde encore dans les Ehpad et les services de réanimation, il est important de croire dans la vie éternelle qui commence sur terre. Vous allez me dire, c’est bien gentil mais les personnes vont vous interpeller : « Mon entreprise est fermée, mon emploi est en danger. Mon problème est très court terme ! »
Comme le dit le Pape François dans son encyclique ‘Laudato Si’‘: (LS162) « L’homme et la femme du monde post-moderne courent le risque permanent de devenir profondément individualistes, et beaucoup de problèmes sociaux sont liés à la vision égoïste actuelle axée sur l’immédiateté, aux crises des liens familiaux et sociaux, aux difficultés de la reconnaissance de
l’autre. » Je comprends et compatis pour toutes ces inquiétudes légitimes et bien réelles d’une famille à nourrir, d’une annuité d’emprunt qui bien que décalée restera à rembourser. La période va être rude, nous devrons être solidaires !

(LS159) « On ne peut plus parler de développement durable sans une solidarité intergénérationnelle. Quand nous pensons à la situation dans laquelle nous laissons la planète aux générations futures, nous entrons dans une autre logique, celle du don gratuit que nous recevons et que nous communiquons. Si la terre nous est donnée, nous ne pouvons plus penser seulement selon un critère utilitariste d’efficacité et de productivité pour le bénéfice individuel. Nous ne parlons pas d’une attitude optionnelle, mais d’une question fondamentale de justice, puisque la terre que nous recevons appartient aussi à ceux qui viendront. »
En ces temps confinés, les difficultés restent pleines et entières, nous oscillons entre peur et colère, entre gants et masques nécessaires pour la reprise du travail. Mais si ce virus au-delà d’attaquer des poumons, nous aidait à retrouver la vue sur des modes de vies préjudiciables et non durables.

(LS189) « Aujourd’hui, en pensant au bien commun, nous avons impérieusement besoin que la politique et l’économie, en dialogue, se mettent résolument au service de la vie, spécialement de la vie humaine. » Si ce virus contribuait à faire tomber nos arrogances, nos certitudes, la manière avec laquelle nous avons surexploité les énergies fossiles et les richesses naturelles, la dignité perdue des plus fragiles.

(LS193) « Nous savons que le comportement de ceux qui consomment et détruisent toujours davantage n’est pas soutenable, tandis que d’autres ne peuvent pas vivre conformément à leur dignité humaine. » Le chanteur/slameur « Grand Corps Malade » dans son dernier titre dit : « Ce monde des adultes est devenu si fragile, l’ordre établi a explosé en éclats, les terriens se rappellent qu’ils sont humains et fragiles et se sentent peut-être l’heure de tout remettre à plat ». Et si ce virus, nous aidait à retrouver la mémoire et le bon sens sacrifiés face aux logiques de pouvoir, d’argent et d’ambition. Nous redécouvrons les « transparents » de la République : les livreurs, les infirmières, les éboueurs, les ouvriers, les chauffeurs… qui deviennent des héros, et les politiques vacillent car il convient d’inventer un nouveau modèle. Comme tous, ils doivent revisiter le modèle et leur rapport au pouvoir, à l’argent et à l’écologie.

(LS 176) « les questions concernant l’environnement et le développement économique ne peuvent plus se poser seulement à partir des différences entre pays, mais demandent qu’on prête attention aux politiques nationales et locale ». Les EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) s’appuyant sur la pensée sociale chrétienne proposent ces balises depuis quelques années. Bonne nouvelle : elles vont devenir audibles et recherchées, c’est le moment de les communiquer! L’enjeu est stratégique : faut-il vendre des avions et des armes dans le monde entier ou développer des écosystèmes locaux, régionaux, nationaux… en réinventant nos filières agricoles, agro-alimentaires, textiles, bâtiment, mécaniques, nos modes de transport…

(LS 194) « Il s’agit simplement de redéfinir le progrès. Un développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut pas être considéré comme un progrès. » Face aux nombreuses défaillances d’entreprise, faut-il mettre des centaines de milliers de personnes au chômage ou développer un plan Marshall pour accompagner l’entreprenariat, le local, l’environnemental : isolation des bâtiments, production locale d’énergie, l’écotourisme, l’agriculture du vivant ?…

(LS 202) « Beaucoup de choses doivent être réorientées, mais avant tout l’humanité a besoin de changer. La conscience d’une origine commune, d’une appartenance mutuelle et d’un avenir partagé par tous, est nécessaire. Cette conscience fondamentale permettrait le développement de nouvelles convictions, attitudes et formes de vie. Ainsi un grand défi culturel, spirituel et éducatif, qui supposera de longs processus de régénération, est mis en évidence. » Dieu seul à la réponse ! C’est donc en suivant aussitôt et complètement le Christ que nous deviendrons ces
acteurs inspirés dont le monde a tant besoin.


(LS 245) « Dieu qui nous appelle à un engagement généreux, et à tout donner, nous offre les forces ainsi
que la lumière dont nous avons besoin pour aller de l’avant. Au coeur de ce monde, le Seigneur de la vie
qui nous aime tant, continue d’être présent. Il ne nous abandonne pas, il ne nous laisse pas seuls, parce
qu’il s’est définitivement uni à notre terre, et son amour nous porte toujours à trouver de nouveaux
chemins. Loué soit-il.»
-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-

Michel Boisse