Pour un temps de prière Œcuménique

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Pour un temps de prière Œcuménique
(Veillée des Ténèbres)

– Traditionnellement, une Veillée des Ténèbres est proposée chaque année –
Une petite équipe l’avait préparée… Elle vous la propose…
Nous l’avons adaptée pour une prière seul ou en famille…
= Vous pouvez disposer sur une petite table une Bible ouverte et une bougie…
Pendant chaque moment de silence, quelqu’un va déposer une petite bougie…

Accueil
Nous allons faire mémoire des derniers instants de la vie de Jésus. Nous nous recueillons pour partager ce chemin qui ne cesse de nous interpeller. La violence que Jésus a connue, nous la savons toujours présente dans nos vies, nos sociétés et nos cultures. S’engager comme témoins et artisans de paix c’est entreprendre un chemin de croix. Il peut devenir un chemin de paix si nous le vivons avec le Christ Jésus et en solidarité avec nos sœurs et nos frères.

I) Introduction :Jésus est condamné à mort…

Comme le dit l’évangéliste Marc (ch 15 v 15) :
« Pilate, voulant contenter la foule, leur relâcha Barabbas et il livra Jésus, après l’avoir fait flageller, pour qu’il soit crucifié. »
1ère voix : Jésus est condamné par le Sanhédrin et remis au gouverneur romain pour son exécution. Sans peur, il affronte Pilate. Il se tient debout, il regarde l’autorité en face, demandant vérité et intégrité. Dans une tentative pour l’humilier, Pilate le fait fouetter. Les soldats se moquent de lui, ils crachent sur lui. Maintenant qu’il est condamné, Jésus garde un silence absolu. La grandeur de Jésus réside dans son refus d’accepter une solution facile de sortie. Même quand il se sent abandonné par Dieu, il continue à pardonner, à croire et à espérer. N’est-ce pas cela vivre en paix ?
2ème voix
Aujourd’hui à travers le monde, tant de gens sont jetés en prison, torturés et même exécutés parce qu’ils osent exprimer leurs convictions et leur espérance pour un monde où la compassion et la justice de Dieu puissent régner. Nous nous souvenons d’eux et nous demandons à Dieu de leur donner la force. Nous nous rappelons de ceux qui sont en prison et sans voix, dont les besoins essentiels ne sont une préoccupation pour personne. Ils nous interpellent à vivre avec une telle dignité que nous imposions le respect même à ceux qui aimeraient nous éliminer. Nos embarras peuvent devenir aussi une occasion de nous souvenir d’eux.
3ème voix
Prions:… Père aimant, ton cœur souffre en voyant ton Fils être traité de cette façon ! Partage-nous l’Esprit qui vit en toi pour que nos coeurs puissent aussi sentir la peine de ceux dont la dignité et la liberté sont niées. Que ta paix nous fortifie sur la route. Amen.
Bref silence

II) Introduction : Jésus est chargé de sa croix…

Saint Jean nous rapporte (ch. 10, v16 et 17) :
« Ils se saisirent donc de Jésus. Portant lui-même sa croix, Jésus sortit et gagna le lieu dit du crâne, qu’en hébreu on nomme Golgotha »
1ère voix : Jésus prend sur lui l’instrument de son exécution. Il l’assume librement et sans rancoeur. Dans un tel contexte d’horribles souffrances, son attitude de pardon est un acte d’amour, elle est aussi le pouvoir de créer la paix. Jésus s’avance et sort de lui-même pour trouver son centre en celui qui dépasse totalement sa faiblesse humaine. Il prend ainsi le risque de vivre le Mystère et son sens ultime.
3ème voix
Prions:… Jésus notre frère, en marchant à ta suite nous parcourons le chemin de la croix vers une vie nouvelle. La croix destinée à briser ta vie devient le symbole de ton amour et de ta fidélité. Aide-nous à relever joyeusement le défi que chaque jour nous offre de vivre comme tes disciples. Donne-nous du courage quand nous trébuchons et aide-nous à persévérer. Fais que le monde voie dans nos vies une invitation à une expérience plus profonde de paix. Amen.
Bref silence

III) Introduction : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix…

Saint Luc, dans son évangile, nous dit (ch. 23 verset 26) : « Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène qui venait de la campagne, et ils le chargèrent de la croix pour la porter derrière Jésus.»
1ère voix
Voici Jésus, icône du Serviteur souffrant : « Ce sont nos souffrances qu’il portait, et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié… Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. »… Un étranger, passant par là, est appelé à partager sa croix, signe odieux de l’échec apparent de sa mission de réconciliation au milieu de son peuple. Jésus, familier de la souffrance, accepte la coopération de toute personne de bonne volonté qui entreprend de parcourir avec lui l’éprouvant chemin vers la paix.
2ème voix
Devant une scène de violence, la fuite est trop souvent, hélas, notre premier mouvement. Nous ne reconnaissons pas spontanément dans l’humilié et l’opprimé un autre visage du Serviteur souffrant. Il ne va pas de soi non plus d’avouer que nous sommes complices, à notre insu, des injustices produites par les systèmes économiques et politiques. La solidarité tangible de Simon de Cyrène lui a valu la réputation d’être associé à la mission pacifique de Jésus de Nazareth. Au long des siècles, se sont levés des hommes et des femmes d’espérance, de généreux artisans de paix et de justice venus au secours des victimes de la violence.
3ème voix
Prions… O Jésus, serviteur souffrant, apprends-nous à savoir accompagner les personnes et les peuples qui ploient sous le fardeau de l’injustice. Apprends-nous aussi à dépasser l’individualisme et à ouvrir nos cœurs à une plus large solidarité. Amen.
Bref silence

IV) Introduction : Jésus croise les femmes de Jérusalem…

Luc nous dit encore (ch. 23, v. 27 et 28) : « Suivait une multitude nombreuse du peuple et de femmes qui se lamentaient et sanglotaient sur lui. Jésus se tourne vers elles et dit : Filles de Jérusalem, ne pleurez plus sur moi. Plutôt sur vous-mêmes, et sur vos enfants !»
1ère voix
Elles pleurent sur lui. Il les retourne à ce qu’elles ont de plus cher : leurs fils qui participent aux efforts de guerre, au contrôle des populations et aux basses besognes. Jésus, le non violent, refuse de condamner ses accusateurs d’aujourd’hui, tout comme il a refusé jadis de condamner la femme adultère. Il invite plutôt ces femmes compatissantes à transmettre aux générations futures le désir de transformer le monde en oasis de liberté et de paix.
2ème voix
Sur le chemin des larmes et des deuils qui parsèment nos vies, laissons le regard du Christ croiser le nôtre. Acceptons d’entendre son appel à entrer dans un vrai mouvement de compassion. Il nous associe profondément à son œuvre de libération.
3ème voix
Prions… O Jésus, si attentif à la souffrance des autres, donne-nous le courage de reprendre sans cesse le chemin de la justice et de la compassion. Amen.
Bref silence

V) Introduction : Jésus tombe …

Saint Paul, au (ch. 2, v. 7 et 8 de sa lettre aux Philippiens) écrit :
« Il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur…devenant obéissant jusqu’à la mort… »
1ère voix
Jésus est vidé de toute son énergie. Totalement épuisé, tout son corps tremble. Son esprit est embrouillé; il ne peut plus résister. Il s’écroule.
2ème voix
Il y en a pour qui la vulnérabilité est un objet constant d’agression. Ils deviennent la cible de ceux qui ne cherchent qu’à faire souffrir autrui. N’importe qui peut résister à la brutalité physique ou même au stress émotionnel. Même quand la vie inflige deux crises en même temps, l’esprit humain est capable de résister. Mais quand les crises sont nombreuses et la peine infligée systématique et persistante, la souffrance dépasse toute résistance. Les gens n’ont pas d’autre choix que de tomber. Et pourtant, même là, le dernier mot n’a pas été dit. Dans l’effondrement même, leurs vies deviennent un témoignage éloquent de la puissance de la tendresse aimante de Dieu et un cri pour la réconciliation et la paix.
3ème voix
Prions… Jésus, souvent tu invites tes disciples à « ne pas avoir peur ». Dans ces moments où nous sentons que nous ne pouvons pas faire un pas de plus, quand nous sommes sur le point de nous effondrer, tu nous appelles à être comme toi dans l’amour et à vivre ces moments même quand tout notre être tremble. Amen.
Bref silence

VI) Introduction : Jésus est dépouillé de ses vêtements…

L’évangéliste Jean nous dit, (ch. 19, v. 24) : Ils se dirent donc entre eux: « Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera. »; afin que s’accomplît cette parole de l’Écriture: « Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort. » C’est ce que firent les soldats.
1ère voix
Jésus est dépouillé de ses vêtements. Il fait silence : «lui qui n’a pas commis de péché et dans la bouche duquel il ne se s’est pas trouvé de mensonge »*. Jésus, « dépouillé» demeure le serviteur audacieux de tous les humains et de tous ses disciples.
2ème voix
Les dépouillements commencent : ceux des vêtements, des relations familiales et sociales, des droits élémentaires de la personne humaine dans l’accès aux biens essentiels : la nourriture, l’eau, un toit, la santé. Des hommes et des femmes perdent tout et sont réduits à une nudité totale : la nudité des inégalités persistantes dans l’exercice des droits humains fondamentaux.
Être exposé nu et livré à la raillerie de tous est une blessure profonde pour qui connaît les visages de l’exclusion. Être dépouillé de ses « vêtements » est plus qu’un sort individuel. Dans le monde, des populations entières subissent une dépossession et un appauvrissement connus et entretenus par des gens qui « voient et regardent » et se partagent entre eux leurs vêtements et leurs biens.
Servir dans la justice et l’amour exige de la communauté chrétienne le désir et l’anticipation du jugement ultime en couvrant toute personne humaine « du manteau de la justice de Dieu » par des réponses inventives à leurs besoins et à leurs droits essentiels comme le dit Jésus dans l’évangile de Saint Matthieu : « …j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. »
3ème voix
Prions… Ô Dieu juste, que notre inconscience ne nous conduise jamais à dénuder qui que ce soit ni à partager des biens enlevés aux plus démunis ; que ton Esprit nous garde vigilants et nous apprenne, dans la justice et l’amour, couvrir celui qui est nu et qui en a besoin. Amen
Bref silence

VII) Introduction : Jésus est cloué sur la croix…

Saint Luc nous dit (ch. 23) :
« Arrivé au lieu dit le Crâne, ils l’y crucifièrent ainsi que les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font »…Le peuple restait là à regarder ; les chefs, eux ricanaient…Les soldats aussi se moquèrent de lui…L’un des malfaiteurs crucifiés l’insultait… »
2ème voix
Quand la violence se déchaîne, elle commence son travail et le poursuit par la tromperie et le mensonge. Stigmatiser et crucifier « les autres » à tout jamais sont des besognes répandues. Elles installent des personnes et des populations dans l’exclusion et la peur. La violence brise les corps. Elle démolit les esprits et les âmes. Elle défait les cultures.
Céder à la violence et au mensonge soumet toujours à une culture de mort avec ses ricanements, ses moqueries et ses insultes. Tant de chrétiens appartiennent à des Églises et à des familles qui ont pour croix la souffrance et la ténacité dans des conditions douloureuses.
Comment développer et transmettre une culture et un héritage de pardon quand les circonstances et les événements crucifient sans arrêt par le mépris et la mort ? La proclamation de la justice et du pardon surgit souvent du cœur et sur les lèvres de ceux-là mêmes qui connaissent l’abîme du pire.
3ème voix
Prions… Ô Dieu Saint, nous sommes souvent rivés à notre croix sans liberté de mouvement ; que ton Esprit Saint nous apprenne, dans l’abîme du coeur, le chemin et les gestes de la justice et du pardon. Amen
Bref silence

VIII) Introduction : Jésus meurt sur la croix…

Dans son évangile, Saint Jean nous dit (ch. 19, v. 28 à 30) : Après quoi, sachant que dès lors tout était achevé, pour que l’Écriture soit accomplie jusqu’au bout, Jésus dit : «J’ai soif.» Il y avait là une cruche remplie de vinaigre, on fixa une éponge imbibée de vinaigre au bout d’une branche d’hysope et on l’approcha de sa bouche. Dès qu’il eut pris le vinaigre, Jésus dit : «Tout est achevé » ; et inclinant la tête, il remit l’esprit. »
1ère voix
Jésus meurt hors de Jérusalem, ville qu’il a tant aimée ! Il meurt rejeté par les siens, considéré comme un renégat et un impur. La mort commence aussi quand l’hostilité des uns et l’urgence de sécurité pour les siens et pour soi obligent à fuir en toute hâte. À chercher des routes et des pays qui sont le lieu des déplacés et des réfugiés aux mille visages et aux mille histoires.
2ème voix
Quand tous les recours sont épuisés, qu’aucune porte et qu’aucune frontière n’ont pu être ouvertes, la mort n’est-elle pas le mur ultime où tout semble buter et s’achever ? Tant de réfugiés et de déplacés sont aux prises avec une vie de fortune et des expédients frustrants !Quel défi que celui de commencer et recommencer, ailleurs et loin, avec des repères, des langages et des coutumes qui ne sont jamais les nôtres ! Le souvenir des racines et des maisons, la mémoire des villes et des familles passent et repassent dans le cœur et la mémoire comme une urgence et une fidélité à l’esprit reçu et vécu. Jésus aura été, du début jusqu’à la fin de son existence, un pèlerin et un étranger. Contraint à l’exil en Égypte dès sa naissance, il meurt hors de l’enceinte de Jérusalem dans l’exclusion. Après avoir versé tant de larmes sur Jérusalem, Jésus n’a plus rien d’autre à offrir que sa mort et son esprit. Dans le rejet, Jésus apprend aux disciples la fidélité à l’Écriture et la volonté de tout achever dans la confiance et la paix. Il remet son esprit sans trahir sa vocation ni mépriser ceux qui l’excluent.
3ème voix
Prions… Seigneur, que deviennent vraies pour nous les paroles des pèlerins : « Pour l’amour de mes frères, de mes amis, laisse-moi dire : Paix sur toi ! Pour l’amour de la maison du Seigneur notre Dieu, je prie pour ton bonheur ! » Amen.
Bref silence

IX) Introduction : Jésus est détaché de la croix…

Saint Marc nous dit (ch. 15 v. 43 à 46) :
« Un membre éminent du conseil, Joseph d’Arimathie, arriva. Il attendait lui aussi le règne de Dieu. Il eut le courage d’entrer chez Pilate pour demander le corps de Jésus. Pilate s’étonna qu’il soit déjà mort. Il fit venir le centurion et lui demanda s’il était mort depuis longtemps. Et, renseigné par le centurion, il permit à Joseph de prendre le cadavre. Après avoir acheté un linceul, Joseph descendit Jésus de la croix et l’enroula dans le linceul. »
2ème voix
Combien de proches cherchent ou attendent en vain des disparus sans jamais pouvoir les retracer, les reconnaître, les nommer et les tenir contre soi entre la paix de la découverte et la douleur de la vérité. Enfants disparus, victimes cachées à la hâte, corps à jamais introuvables. Que de morts silencieuses ! Que de personnes disparues et toujours à trouver !
Des régimes se construisent dans la disparition des opposants et dans un acharnement à faire disparaître les moindres traces d’existence et de mémoire. Introuvables et effacés pour toujours ! Déni durant la vie, négation après la mort. Négation volontaire de la dignité de la personne.
Que pouvaient bien recevoir entre leurs bras et sur leur cœur Joseph et les proches de Jésus ? Un cadavre écrit l’évangéliste comme s’il ne restait de lui qu’un mot froid. Celui que la communauté chrétienne reçoit, même défiguré, c’est une personne. Toute vie est sacrée. Rien de chaque personne ne peut être oublié ou nié même après les pires profanations et les disparitions inquiétantes. La communauté chrétienne apprend à veiller pour que tout humain soit rendu à ses proches et reconnu dans sa véritable nature : « Parce qu’il est créé à l’image de Dieu, l’individu humain a la dignité de personne ; il n’est jamais quelque chose, mais quelqu’un, capable de se connaître, de se posséder, de se donner librement et d’entrer en communion avec d’autres personnes. »
3ème voix
Prions… Ô Dieu aimant, toi qui confies Jésus à des proches et à des amis, que ton Esprit appuie tout prochain qui cherche et ramène tout être humain à la présence et à la mémoire. Amen.
Bref silence

X) Introduction : Le corps de Jésus est mis au tombeau…

Dans son évangile (ch. 19 v. 41 et 42), Saint Jean nous dit : «A l’endroit où Jésus avait été crucifié il y avait un jardin, et dans ce jardin un tombeau tout neuf où jamais personne n’avait été déposé, c’est là qu’ils déposèrent Jésus. »
1ère voix
Jésus connaît le privilège de la sépulture et de la mémoire. Tant d’humains sont privés d’un repos dans la paix et d’une trace dans l’histoire. Que de tombeaux sans repère ni inscription ! Que de destins sans souvenir ni trace ! Que de sépultures hâtives comme s’il fallait ajouter de l’oubli à la mort !
2ème voix
C’est mourir plusieurs fois que d’être effacé de la mémoire des siens et des sociétés. Rendre à la mémoire tout humain et se souvenir de tout itinéraire de vie sont des défis dans un monde d’oubli et une mentalité de négation Toute personne a droit au jardin et au tombeau. Tout être humain a droit à son nom et à son histoire.
3ème voix
Prions… Ô Dieu immortel, là où est déposé Jésus, là est semée la promesse de Vie, là aussi nous déposons nos attentes ; que ton Esprit nous garde disponibles à l’Espérance. Amen.
Bref silence