LETTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS 5,6-11

Dimanche 18 Juin 2023 (11° Dimanche du Temps Ordinaire)

08 Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs.

09 À plus forte raison, maintenant que le sang du Christ nous a fait devenir des justes, serons-nous sauvés par lui de la colère de Dieu.

10 En effet, si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie.

11 Bien plus, nous mettons notre fierté en Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ, par qui, maintenant, nous avons reçu la réconciliation.

*************************

Introduction

Ces quatre versets extraits du chapitre 5 de la lettre aux Romains évoquent le chemin qui permet à chaque être humain de passer de l’état de pécheur (v 8), donc opposé à Dieu, à celui de la vie en Christ (v 11). St Paul utilise un vocabulaire qui insiste sur l’importance du temps : à un passé révolu succède un « maintenant » (v 9.10.11) qui apporte un état nouveau. Il démontre son point de vue par un raisonnement « a fortiori », qui ne se discute pas. La « réconciliation » est la clef de compréhension de cet état nouveau dans la relation à Dieu. Le Christ, le Fils, le Seigneur Jésus-Christ, nommé dans chaque verset, est celui qui est à l’origine de la réconciliation par sa mort pour nous (v 8.9.10.).

Méditation

V 8. Ce verset est le point de départ de la démonstration de Paul. Il expose la situation qui caractérise la relation entre Dieu, le Christ et nous. – Dieu est Amour. La Bible ne cesse de le dire (Isaïe 54,10. Jérémie 31,3. Sagesse 11,24. 1 Jean 4, 8). En livrant son Fils pour nos péchés, Dieu manifeste que son dessein sur nous est un dessein d’amour bienveillant qui précède tout mérite de notre part. (C.E.C § 604). – Christ est mort pour nous. Paul rappelle le mystère de la Rédemption, c’est-à-dire le rachat qui libère les hommes de l’esclavage du péché. – Nous étions encore pécheurs. Paul évoque une situation passée. Le péché est présent dans l’histoire des hommes depuis les origines (Genèse 3). Il est le refus et l’opposition face à Dieu. L’homme veut être à lui-même sa propre loi.

V 9. Ayant établi que Dieu nous aime, Paul franchit une étape supplémentaire dans son raisonnement par un argument « a fortiori » qui s’appuie sur l’adverbe de temps « maintenant ». Quelque chose a changé dans la situation des hommes. Nous étions des pécheurs, nous sommes devenus des justes par le sang du Christ versé sur la Croix. Donc nous serons sauvés de la colère de Dieu. La colère attribuée à Dieu signifie que le Dieu Saint ne peut tolérer le péché. Elle n’a rien à voir avec la colère humaine. Dieu n’a d’autre désir que de faire participer l’homme à sa sainteté. Mais l’homme perçoit dans le désir de Dieu une opposition radicale au péché et lui attribue une réaction humaine : Ps 89,7 «Nous voici anéanti par ta colère » (anthropomorphisme).

V 10. Paul reprend son raisonnement en ajoutant un argument de poids, la « réconciliation » comme étape essentielle dans le salut donné aux hommes.

Parallèlement à l’Alliance, la réconciliation est un thème majeur de la Bible. Dès l’Ancien Testament Dieu n’a cessé d’offrir son pardon aux hommes pécheurs. Il s’est révélé comme le Dieu de tendresse et de pitié (Exode 34,6) qui revient de l’ardeur de sa colère (Ps 84,4). Le péché d’Israël est une rupture de l’Alliance du Sinaï. Mais Dieu prend l’initiative d’une Alliance nouvelle et éternelle (Jérémie 31,31. Ezéchiel 36, 24,30). Tous les rites d’expiation pratiqués dans le Temple (Yom Kippour) visaient à la réconciliation de l’homme avec Dieu. La réconciliation parfaite et définitive a été accomplie par le Christ Jésus. Par lui-même l’homme est incapable de se réconcilier avec Dieu qu’il a offensé par son péché. C’est Dieu qui prend l’initiative de réconcilier les hommes par le mystère de la Croix. (2 Co 5,18).

V 11. L’expression « Bien plus » confirme la notion de surabondance développée dans les versets précédents. Jusqu’alors ennemis de Dieu (v10), nous pouvons, maintenant que nous sommes réconciliés par le Seigneur Jésus Christ, mettre notre fierté en Dieu c’est-à-dire participer à sa gloire. Encore faut-il que l’homme accueille le don de Dieu dans la foi. De là le cri pressant de Paul aux Corinthiens : « Nous vous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Corinthiens 5,20).

Conclusion

En livrant son Fils pour nos péchés, Dieu manifeste que son dessein sur nous est un dessein d’amour bienveillant qui précède tout mérite de notre part (1 Jean 4,10). Cet amour n’exclut personne, surtout pas les « petits » (Matthieu 18,14). Il est universel : Jésus affirme qu’il donne sa vie pour la multitude (Matthieu 20, 28). L’Eglise, à la suite des apôtres, enseigne que le Christ est mort pour tous les hommes sans exception : « C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore ceux du monde entier. » (1 Jean 2,2).

 

Hélène P.P.