Commentaire du Psaume 129 liturgie du dimanche 9 juin 2024

(Dimanche 9 juin 2024. 10° Dimanche du Temps Ordinaire)

01 Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,

02 Seigneur, écoute mon appel ! Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière !

03 Si tu retiens les fautes, Seigneur, Seigneur, qui subsistera ?

04 Mais près de toi se trouve le pardon pour que l’homme te craigne.

05 J’espère le Seigneur de toute mon âme ; je l’espère, et j’attends sa parole.

06 Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.

Plus qu’un veilleur ne guette l’aurore,

07 attends le Seigneur, Israël. Oui, près du Seigneur, est l’amour ; près de lui, abonde le rachat.

08 C’est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes.

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Ce psaume, appelé aussi « De profundis » d’après le premier mot de la traduction latine, est l’un des psaumes pénitentiels préférés des chrétiens avec le « Miserere » (Ps 50). C’est un chant à la réconciliation entre l’homme pécheur et le Seigneur miséricordieux (Exode 34, 6-7).

La lecture du psaume peut se faire selon 4 strophes groupant les versets 2 à 2.

V 1-2 : L’abîme du péché.

V 3-4 : L’abîme de l’Amour de Dieu.

V 5-6 : L’espérance du veilleur.

V7-8 : Dieu, notre libérateur.

 

V 1-2. L’abîme du péché

Le psaume nous plonge directement dans la prière qui est un cri (le mot est répété 2 fois) qui sort des profondeurs de l’homme, abîme du péché et du mal.

Ce cri est un appel en direction du Seigneur, malgré la distance infinie qui sépare le « je » de son Dieu. Mais la foi du priant permet d’abolir cette distance : Dieu se fait proche de celui qui l’invoque en vérité (Ps 144,18).

V 3-4. L’abîme de l’Amour de Dieu

Dans ces versets apparaissent deux thèmes : les fautes de l’homme et le pardon de Dieu.

L’homme pécheur ne peut subsister sans le pardon de Dieu. Il s’agit donc d’une option fondamentale entre la mort et la vie. En effet le pardon rétablit la relation entre l’homme et Dieu, donc la vie. Cette relation est appelée dans la Bible la « crainte de Dieu ». Ce n’est pas la peur de la punition, mais une attitude de respect et d’amour dans l’humilité de la créature envers son Créateur. Le psalmiste sait que Dieu n’est pas un souverain qui condamne, mais un père plein d’amour et de bonté qui veut sauver ses enfants de l’esclavage du péché : « Comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint. » (Ps 102,13).

V 5-6. L’espérance du veilleur

Le priant parle ici de sa propre expérience de pécheur pardonné. Désormais libéré de son angoisse d’être séparé de Dieu, il témoigne de son espérance ancrée au plus profond de son être, dans son âme : c’est là qu’il veut rencontrer son Seigneur, c’est là qu’il l’attend. La belle image du veilleur qui guette l’aurore traduit la certitude qui est la sienne : il verra son Seigneur dans la lumière, comme le veilleur est certain que l’aurore succèdera aux ténèbres (Matthieu 26,41). Le priant sait ce qu’il attend : la parole du Seigneur, car le Dieu fidèle se révèle dans sa parole, les Saintes Ecritures : « Le Seigneur, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité, qui garde sa fidélité jusqu’à la millième génération » (Exode 34,6-7).

V 7-8. Dieu, notre libérateur

Dans cette dernière étape, le psalmiste élargit sa prière à tout le peuple d’Israël. Il associe le peuple pécheur à son espérance en reprenant mot pour mot l’image du veilleur qui guette l’aurore. Jaillit alors la profession de foi appuyée par un « oui » sans équivoque : Dieu est Amour, Il rachète toutes les fautes de son peuple. Le mot rachat, répété deux fois, nécessite une explication car il est sujet à de fausses interprétations.

Dans la Bible, il exprime l’intervention du parent le plus proche, le « goël » qui, lors d’un décès, a le droit de racheter les biens et même l’épouse du défunt (Ruth 4). Dans le psaume 129 Dieu est considéré comme notre « goël », que l’on peut traduire par « rédempteur, libérateur ». Dans le Nouveau Testament, ce terme est appliqué à Jésus-Christ qui nous a libérés de l’esclavage de nos péchés par sa mort sur la Croix et sa Résurrection. : « Tous les hommes ont péché, ils sont privés de la gloire de Dieu, et lui, gratuitement, les fait devenir justes par sa grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus. » (Lettre aux Romains 3,23-24). C’est ce que le Nouveau Testament exprime par les mots « délivrance » ou « salut ». 

Le psaume 129 commence par un cri de détresse que le priant adresse au Seigneur et s’achève par un acte de foi qui concerne tout Israël : Dieu est Amour. Il ne peut que racheter son peuple, le libérer de l’esclavage dans lequel l’enferment ses fautes. Mais il y a tout un chemin à parcourir. Au terme, le pécheur pardonné est sûr que la lumière de la vie triomphera des ténèbres de la mort, comme le veilleur sait que l’aurore va succéder à la nuit.

Hélène Piéchon-Palloc