Messes interdites jusqu’au 2 juin : les évêques prennent acte…et des fidèles laïcs s’interrogent…

Messes interdites jusqu’au 2 juin :
les évêques prennent acte…et des fidèles laïcs s’interrogent…

Nous nous interrogeons : pourquoi ne voir dans cette nouvelle contrainte qu’un obstacle à la vie chrétienne ?

Et si ce confinement prolongé était l’occasion de redécouvrir le vrai culte à rendre à Dieu, de réexpérimenter le sens profond de l’eucharistie, pain partagé ? L’Évangile ne nous invite-t-il pas à porter un regard positif sur les êtres et sur les choses ? Dieu nous parle à travers les événements de ce monde. À nous d’en lire les signes !

La crise que nous traversons nous apparaît comme une occasion pour notre christianisme qu’il retrouve sa pleine dimension domestique et accepte de vivre la grâce de la fragilité de façon créative. Comme le dit le prêtre et théologien tchèque Tomas Halik : « Nous devrions accepter l’actuel sevrage des services religieux et du fonctionnement de l’Église comme un kairos, une opportunité pour nous arrêter et nous engager dans une réflexion approfondie devant Dieu et avec Dieu. Cet “état d’urgence” est un révélateur du nouveau visage de l’Église. »

= Nourrir la vie communautaire
Loin de toute polémique, en ce temps d’épidémie mondiale, les baptisés ont inventé de nouvelles formes de vie communautaire : rassemblements autour des nombreuses retransmissions de célébrations, rendez-vous vidéo de groupes de prière, de partage d’évangile où l’on a vu surgir les exigences et la densité du culte domestique et de l’intériorité personnelle.

= Reprises des messes : comment font nos voisins européens ?
Les catholiques, comme tous les Français, ont aussi continué le service des frères dans de nombreuses associations et initiatives diverses de solidarité.

= Service de l’autel, service des frères
Se retrouver en communauté est constitutif de la foi. Mais pour rendre quel culte, à quel Dieu ? Dans l’eucharistie, les chrétiens font mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Et du don de sa vie. Dans un même élan, ils s’engagent à donner la priorité absolue au service du frère. Il s’agit de conjuguer « intériorité et engagement », « lutte et contemplation »… Jadis, l’abbé Pierre vilipendait vertement les catholiques pour qui la « Présence » du Christ était « réelle » dans l’hostie mais seulement « symbolique » dans le pauvre auquel Jésus s’identifie pourtant dans l’Évangile de Matthieu.

= L’appétit spirituel
La spiritualité a toute sa place en ce temps de refondation. Abandonnons le terme négatif de « non-croyants » et ouvrons-nous à la diversité des aspirations spirituelles de nos contemporains. Le partage des convictions, des croyances, de la foi exige que chaque communauté s’ingénie à être compréhensible et crédible.

= Les autres cultes appellent au respect du calendrier gouvernemental
Comment ne pas constater que nombre de discours catholiques paraissent étrangers à nos contemporains. Plus graves ont été les silences face aux déviances pédocriminelles et aux lenteurs de notre Église à se réformer. Comment, en se retrouvant à nouveau dans leur église, les communautés s’interrogeront-elles sur cette exigence de clarté, de cohérence et de vérité ?

= Avancer autrement
Certains aspects du fonctionnement de la communauté catholique peuvent également être interrogés. Quels moyens se donner pour avancer – dans les paroisses, les diocèses… – de manière plus collégiale ? Comment mieux articuler les différents ministères (existants ou à inventer). Comment mieux associer les femmes à la gouvernance de nos communautés ? Quelle  conception du prêtre, du rôle du curé ? Quel rapport au sacré, aux rites ? Quels débats possibles, enfin apaisés, autour de la liturgie ?

Ne restons pas confinés dans de vieilles approches théologiques et pastorales. Ne restons pas enfermés derrière nos murs ! Partons sur les routes d’un monde blessé, pour faire de nos églises non pas des douanes ou des forteresses de vérité, mais des lieux d’ouverture et de liberté. Des lieux véritablement dé-confinés.

Guy Aurenche, Laurent Grzybowski, Monique Hébrard,
René Poujol, Jean-Pierre Rosa, Gérard Testard