HOMÉLIE DU 2° DIMANCHE DE PÂQUES (Année A)
HOMÉLIE DU 2° DIMANCHE DE PÂQUES (Année A)
– (Jean 20/ 19-31) –
On pourrait appeler ce dimanche le « dimanche du doute » ! En effet, Thomas incarne le disciple qui doute. On l’appelait « Didyme », le « jumeau »… Aujourd’hui, d’ailleurs, en Turquie, sur la côte de la mer Égée, il y a une ville qui s’appelle Didyme, c’est la ville jumelle de Delphes, en face, en Grèce… Et Thomas est tellement notre jumeau que beaucoup revendiquent fièrement de lui ressembler, quand ils disent : « Je ne crois que ce que je vois ! »… Ah, s’ils pouvaient lui ressembler jusqu’au bout quand il s’écriera : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »… On peut toujours rêver !
« Les portes étaient verrouillées »… Et huit jours après, elles le seront toujours ! Ce qui ressemble si fort à ce que nous vivons en ce moment où nous ne pouvons pas sortir. Le danger n’est pas le même que pour les disciples, mais il est là ! Et nous aimerions tant pouvoir vivre comme les premiers chrétiens, dont on nous dit qu’ils « fréquentaient chaque jour le Temple », qu’ « ils rompaient le pain dans leurs maisons » et « prenaient leur repas avec allégresse et simplicité »… Ces repas, nous les avons pris et les prenons encore le plus souvent de façon réduite. Mais nous pouvons le faire dans une joie intérieure, celle de n’être pas seuls : « Je suis avec vous tous les jours », nous assure le Ressuscité ! Il n’empêche, jamais nous n’avons autant ressenti l’importance du lien avec des frères et soeurs croyants, l’importance de la communauté.
Et ça, il ne faudra pas l’oublier !
Jésus est là. Et part trois fois, il va adresser la même salutation : « la paix soit avec vous »… C’est davantage que le « shalom » qu’on prononce comme nos « bonjour »… Nous avons tant besoin de cette paix intérieure !
Et Jésus « souffle sur eux ». C’est l’acte de création de Dieu dans le Livre de la Genèse. Et il fait de ses disciples l’instrument de sa miséricorde. C’est aujourd’hui le « dimanche de la Miséricorde ». Dieu est le seul qui puisse pardonner les péchés. En le faisant, Jésus l’a payé de sa vie… et il confie aux siens de continuer son oeuvre ! À notre baptême, nous avons tous reçu l’Esprit-Saint et nous sommes chargés de donner ce pardon. Et tous les autres sacrements comportent l’imposition des mains, don de l’Esprit-Saint. Si, par l’ordination, les prêtres ont mission de pardonner au nom du Seigneur, les occasions ne manquent pas, pour nous tous, de faire preuve de miséricorde…
« Les portes étaient verrouillées », mais pas seulement celles de la maison… celles du coeur de Thomas aussi… Une semaine de résistance, c’est long ! Le témoignage de ses compagnons est pourtant lumineux, mais il s’entête ! Un commentateur écrit : « La porte de la foi n’a qu’une seule poignée, et elle ne s’ouvre que de l’intérieur ». Ça veut dire que c’est à moi d’ouvrir ! La force de Thomas, c’est d’être resté avec ses compagnons. Malgré son blocage, il n’avait pas fermé la porte définitivement… Même avec des « si » ! Par trois fois, Thomas dit « si »… Pour beaucoup de nos contemporains, il en est ainsi : « Je ne croirai qu’en dernière minute, s’il devient impossible de faire autrement ! »… 8 jours passent… Jésus est là… Thomas aussi. Aucun reproche ! Seulement un appel : « Avance. Vois. Mets ta main… Ne sois pas incrédule, mais croyant ! »… Jésus ne lui reproche pas d’être incroyant, car le plus souvent l’incroyant ne connaît pas la Bonne Nouvelle ! L’incrédule, par contre, ferme son coeur ! Et puis, Jésus ne nous demande pas d’être crédules, c’est-à-dire prêts à croire n’importe quoi, en dépit du bon sens ! Il nous demande d’être croyants, c’est à dire de faire confiance…
Alors apparaît une nouvelle béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »… Ce n’est pas de voir qui fait croire ! C’est la foi qui fait voir ! Thomas voulait toucher un corps. Il s’est laissé toucher le cœur.
Soyons ses jumeaux…
Bruno DEROUX