Méditer la parole de Dieu: le magnificat 2ème partie

LE  MAGNIFICAT, HYMNE A LA MISÉRICORDE. SUITE DE LA MEDITATION (V 50 à 55)

                                   

V 50 : Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.

Ce verset est le centre du Magnificat et la clé de son explication.

Le mot « miséricorde » est la traduction du latin « misericordia ». Il est souvent remplacé par le mot « amour » dans les textes français.

On y trouve 2 racines qui en éclairent le sens : misère et cœur qui évoquent un cœur qui est en relation avec la misère des autres. Dans la tradition biblique, il recouvre la réalisation de l’ensemble du dessein d’amour de Dieu sur le monde.

La miséricorde divine est destinée à « ceux qui craignent Dieu ». Il faut comprendre cette expression au sens biblique : ce n’est pas une peur, une panique mais une attention remplie de respect, d’amour et d’humilité devant la grandeur de Dieu. C’est l’attitude des « anawim », ces pauvres de Dieu dont font partie Marie et Joseph.

Marie a compris que Dieu a fait pour elle ce qu’il accomplit à travers les siècles. Elle n’est que le cas exemplaire de cette miséricorde divine qui s’étend d’âge en âge en vue de sauver le genre humain.

V 51 : Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.

V 52 : Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.

V 53 : Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.

V 54 : Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,

V 55 : de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais.

 

Dans cette suite de versets Marie, mue par l’Esprit, proclame la façon concrète dont Dieu exerce sa miséricorde sur la société humaine. Par sa puissance (« la force de son bras »), Dieu agit sur les différents types d’hommes qui constituent 2 groupes mis en vis-à-vis : d’un côté les orgueilleux (« superbes »), les puissants, les riches ; de l’autre les humbles, les affamés, le peuple d’Israël.

L’action de Dieu consiste à rétablir un juste équilibre dans cette société. Il ne s’agit pas de punir les uns et de récompenser les autres. La miséricorde divine est pour tous. Jésus, dans un de ses commandements les plus exigeants (« Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent ») ajoute que le Père « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et les injustes » (Mt 5, 45).

– Les orgueilleux estiment pouvoir se passer de Dieu pour vivre selon leurs propres lois. Dieu les disperse, non pour les punir mais pour les ramener à la réalité. Dans la solitude, l’orgueilleux se retrouvera face à Dieu et prendra conscience que son péché le mène à une impasse : « Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil : qu’il n’ait sur moi aucune emprise. Alors je serai sans reproche, pur d’un grand péché » (Ps 18,14).

– Les puissants sont arrachés à leur pouvoir symbolisé par leurs trônes. Ce pouvoir n’est qu’illusion d’un moment. Seul le Seigneur est le Tout-Puissant : «  Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les hommes ; mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les puissants ! » (Ps 117,8-9).

– Les riches, prisonniers de leurs biens matériels, en sont devenus les esclaves. Ce n’est que « les mains vides » qu’ils découvriront la liberté des enfants de Dieu : « Des riches ont tout perdu, ils ont faim ; qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien » (Ps 33,11). On peut lire aussi la parabole sur le détachement des richesses en Luc 18,18-30.

– Les humbles sont ramenés à leur dignité d’enfants de Dieu : « Le Seigneur défend les petits : j’étais faible, il m’a sauvé » (Ps 114,6).

– Les affamés sont comblés de biens car le Seigneur ne peut laisser ses créatures manquer de nourriture : « Tous, ils comptent sur toi pour recevoir leur nourriture au temps voulu. Tu donnes : eux, ils ramassent ; tu ouvres la main : ils sont comblés. » (Ps 103,27-28).

– Israël est nommé personnellement comme un « petit », un enfant pour lequel Dieu a une attention toute particulière. En effet Dieu l’a choisi pour être son fils et lui porter secours malgré ses infidélités : « Oui, j’ai aimé Israël dès son enfance, et, pour le faire sortir d’Égypte, j’ai appelé mon fils…C’est moi qui lui apprenais à marcher, en le soutenant de mes bras, et il n’a pas compris que je venais à son secours » (Osée 11, 1. 3).

Dans le dernier verset de son cantique Marie, en vraie fille d’Israël, termine en rappelant les origines de l’Alliance de Dieu avec Abraham : la promesse d’une descendance (Gn 15,2-6) et d’une terre (Gn 15,7-8).

Conclusion

En fait, le Magnificat résume toute l’histoire du salut. Fille de l’Ancienne Alliance, Marie ouvre au peuple de Dieu la porte qui va permettre la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ. Elle est l’image concrète de la Divine Miséricorde à l’œuvre dans le monde. Préservée de la faute originelle dès les premiers instants de sa conception (dogme de l’Immaculée Conception) Marie est la manifestation, par toute sa vie, de la victoire de la Divine Miséricorde. Elle est le signe que le mal et le péché n’ont pas pu déjouer le plan de salut de Dieu pour l’humanité. « En Marie nous contemplons à la fois le projet originel du Créateur et son dessein, c’est-à-dire l’homme sauvé » (Cardinal Schönborn).

                                                                                   Hélène Piéchon-Palloc