Homélie Dimanche 29 novembre 2020 1er Dimanche de l’Avent

Évangile (Mc 13, 33-37) En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment. C’est comme un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » – Acclamons la Parole de Dieu.  Ce premier dimanche marque une nouvelle année liturgique et qui dit « nouvelle année », dit « souhaits , ou vœux…. alors bonne année à tous ! » Oui, bonne année de veilleurs  à tous, puisque  c’est l’invitation qui nous est faite dans l’évangile de ce jour. Une nouvelle année, c’est aussi la possibilité d’un nouveau commencement dans cette dynamique proposée par la bonne nouvelle : « veillez » ! Dans ce petit texte, les mots« veiller » ou « éveillés » reviennent 4 fois. C’est, je crois, parce que c’est le propre des baptisés que d’être des veilleurs, ce qui est symbolisé par la lumière reçue ce jour-là : «  C’est à vous que cette lumière est confiée, veillez à l’entretenir pour qu’illuminé par le Christ, nous puissions avancer en enfants de lumière… »
Veiller…. pour avancer vers la lumière de Noel dans ce temps de l’avent, ce temps de l’avènement, c’est-à-dire «celui qui doit venir ». C’est une invitation formulée aujourd’hui pour aiguiser notre vigilance, pour nous inviter à rester les yeux ouverts sur notre monde, sur notre prochain, sur nos malades, sur toutes  ces personnes qui sont invisibles dans notre société ! Je pense, par exemple,  à ceux qui participent  à la nuit des veilleurs organisée par l’ACAT(ONG œcuménique de défense des droits de l’homme). Cet événement rassemble des chrétiens du monde entier et des sympathisants de toutes générations engagés dans la défense des droits humains. Ensemble,  ils portent la flamme de l’espérance en soutenant les victimes de la torture !
Veiller sur quelqu’un,  c’est prendre soin de lui ou d’elle, c’est développer une certaine bienveillance. Permettez-moi de citer le pape François dans Fratelli Tutti :  « Il est cependant possible de choisir de cultiver la bienveillance. Certaines personnes le font et deviennent des étoiles dans l’obscurité. Cela implique qu’on dise « des mots d’encouragement qui réconfortent, qui fortifient, qui consolent, qui stimulent », au lieu de « paroles qui humilient, qui attristent, qui irritent, qui dénigrent ». « La bienveillance est une libération de la cruauté … Aujourd’hui, on n’a ni l’habitude ni assez de temps et d’énergie pour s’arrêter afin de bien traiter les autres, de dire “s’il te plait”, “pardon”, “merci”. » Veiller c’est prendre le tablier de service. Servir, c’est « en grande partie, prendre soin de la fragilité. Servir signifie prendre soin des membres fragiles de nos familles, de notre société, de notre peuple ». Cet appel doit inviter à ouvrir les yeux sur les fragilités présentes dans nos villages, nos associations, nos lieux de travail ! Veiller, c’est rester ouvert à la présence de Dieu dans nos vies, ce Dieu qui se fait petit enfant. Ce temps si particulier que nous vivons doit être une chance pour nous de développer la recherche de la présence discrète et réelle de notre Dieu dans sa Parole méditée, dans la prière renouvelée mais aussi et surtout dans le service du frère. Veiller, c’est rester ouvert à l’inattendu de Dieu. Saurons-nous voir les signes de sa présence dans nos vies ? Veiller, c’est aussi être capable de discerner dans notre monde les lumières d’espérance que sont les initiatives mises en place pour un monde plus fraternel. Peut-être est-ce là un chemin de conversion pour ce temps d’avent, où nous pourrions trouver, chaque jour,  un signe d’espérance ? Veiller, enfin, veut dire « ne pas dormir, ne pas être endormi ». Cela veut dire « être attentif, être conscient et vraiment présent à soi-même, à quelqu’un d’autre »… C’est tout le contraire de la distraction, du rêve, de la dispersion, de la passivité. Veiller, c’est attendre quelqu’un, ce Tout Autre, c’est l’attendre Lui, à travers sa parole et le visage du frère ! C’est être tourné vers Dieu  « comme cette argile façonné par les mains du potier qui est notre Père »,comme le dit si bien Paul dans la lecture de ce dimanche. Nous sommes l’argile, et lui, le Grand Artiste, le potier inventif ; nous sommes tous l’ouvrage de ses mains. Alors demandons à Dieu de  veiller sur nous comme le potier veille sur son œuvre. Amen !   Janot MICHEL (Diacre, Aumônier des gens du voyage)