ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DES ÉVÊQUES DE FRANCE- NOVEMBRE 2020

L’Assemblée plénière des évêques de France s’est clôturée ce dimanche avec le discours de son président Mgr Éric de Moulins-Beaufort. Dans un texte très spirituel il revient sur les enjeux du moment : les restrictions autour des messes, le blasphème, mais aussi la lutte contre les abus dans l’Église et l’écologie intégrale.
En voici ci-dessous quelques extraits forcément réducteurs, mais on écoutera avec intérêt la totalité du discours (34
minutes), à la fois clair et vigoureux.

https://youtu.be/mi2X20PejS8

Interdiction des messes en assemblées
« Nous sommes déçus par la décision du juge de maintenir l’interdiction des célébrations religieuses (…)
Certes le vrai culte, le véritable sacrifice est le sacrifice spirituel par lequel chacun fait de tout lui-même une offrande à la gloire du Père (…) La moindre de nos actions peut devenir un acte pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Tout le culte liturgique, toute la vie sacramentelle sont orientés à cette fin (…) »
Écologie intégrale
« 800 millions d’êtres humains ne mangent pas à leur faim. Nous ne pouvons pas, lorsque nous nous nourrissons, oublier ces frères et ces sœurs qui manquent. Nous ne pouvons pas les oublier non plus lorsque (…) nous réfléchissons à l’organisation de l’agriculture et du commerce à travers le monde. Nous devons apprendre à goûter le bonheur de nous nourrir à notre faim, c’est-à-dire de pouvoir expérimenter, dans chaque nourriture, la bonté du cosmos qui nous entoure. Tout repas est une promesse de communion entre les humains. (…) Tout le cosmos, le soleil, la pluie, l’air, la terre, le vent, mais aussi les végétaux, les animaux et tant d’êtres humains ont œuvré pour nous permettre de recevoir ce qu’il nous faut pour refaire nos forces et vivre d’avantage. Comment ne pas en être rempli de gratitude et ne pas se sentir appelé à servir à son tour à plus de vie pour les autres ? »
« Cultiver la terre est une activité complexe. Il y faut la coopération de bien plus d’êtres, de compétences et même de don de soi qu’on ne l’imagine à première vue, de la part des humains sans doute (semer, planter, arroser, nettoyer, récolter, et aussi transporter, échanger, présenter, vendre…) mais aussi des animaux et des végétaux. « Le sol grouille de fraternité » (…) Nous pouvons nous servir de cette fraternité, nous pouvons l’asservir ou la détruire, lui permettre de se développer ou la forcer pour ce que nous croyons être notre bénéfice et qui peut l’être pendant un temps. Nous pouvons la servir, se mettre à son service, l’aider à agir mieux encore, et nous pouvons aussi en rendre grâce au créateur et y reconnaître un signe de la sagesse à laquelle il nous appelle (…)
Toute nourriture concentre en elle les violences et les injustices contenues dans les modes de production et de commercialisation, et il faut savoir les regarder en face pour que l’intention la meilleure puisse pénétrer toutes les étapes qui préparent ce dont un être humain se nourrit. »
Le blasphème « L’actualité récente a souvent parlé de blasphème.
Pour nous chrétiens, le blasphème qui n’est pas pardonnable (par Dieu) est le blasphème contre l’Esprit. Dieu seul en juge et en jugera. Le blasphème consiste surtout à faire maudire le nom de Dieu. Est donc coupable de blasphème qui use du nom de Dieu pour justifier sa violence ou ses injustices. (…) (Plus grande est la faute) de ceux et celles qui produisent ou diffusent une idéologie qui fait passer le meurtre pour un acte saint.

La dérision, la moquerie sont d’un autre ordre : les convictions fortes en suscitent toujours parce que l’humanité cherche à se protéger, à esquiver d’avoir à donner à sa vie une portée qui lui paraît trop grande. C’est un gage de maturité que de ne pas s’en laisser démonter ! (…) Les chrétiens savent que le Dieu vivant n’a pas craint d’être bafoué en prenant chair de notre chair… »
« Le blasphème contre l’Esprit est plus encore le fait de ceux qui usent du pouvoir spirituel reçu du Christ pour établir leur propre pouvoir et pire encore assouvir leurs pulsions. Les prêtres coupables d’agressions sexuelles sur des mineurs ou d’abus de pouvoir sur de jeunes adultes souillent le saint nom de Dieu. Ils abîment, chez ces enfants ou chez ces jeunes hommes ou femmes, la capacité intérieure de tourner leur vie vers Dieu le Créateur (…)
Le blasphème est tout autant le fait de ceux et celles qui refusent de reconnaître leur péché lorsque la miséricorde de Dieu le tire à la lumière. Ce pourrait être le fait de structures d’Église qui ont refusé ou qui refuseraient de se laisser conduire dans une conversion réelle. Ces actes terribles (…) ont blessé et blessent tous les baptisés, tous les membres du Corps du Christ. »
Conclusion
« Dieu est celui qui nous rend capable d’agir, celui qui nous confie – à nous les humains – son œuvre, non pour que nous la saccagions, non pour que chacun lutte contre les autres pour s’en approprier la meilleure part, mais pour que nous y reconnaissions un appel à l’entraide, au respect, à l’émerveillement, à la fraternité, à la communion. »