« JE N’AI PAS LE TEMPS »

« JE N’AI PAS LE TEMPS »
Ces mots reviennent dans nos vies
comme un refrain permanent :
« Je n’ai pas le temps ! »
L’agenda se remplit, des semaines, des mois à l’avance.
Les obligations familiales, professionnelles,
nous pressent comme citron : « Je suis pressé ! »
Qui ne s’est plaint un jour ou l’autre
de ce rythme fou qui lui est imposé ?
Certains travaillent à « temps partiel »,
d’autres cumulent plusieurs « temps pleins »…
Mais tous rêvent d’arrêter un jour
la course du temps, la fuite du temps.
Comme si c’était le temps qui courait, qui fuyait…
Or, le temps s’écoule, régulier comme une horloge.
C’est nous qui courons, qui fuyons ;
et nous osons l’accuser !?…
Cette accélération du temps
que nous ressentons tous au fil des années
peut nous rendre nostalgiques du « temps qui passe ».
Combien disent : « de mon temps »
comme si le temps d’aujourd’hui n’était pas le leur ?
« Dans le temps », dit-on, nos ancêtres coulaient
du « bon temps » ! Depuis lors, ils ne sont plus,
ils ont « fait leur temps »…
Et voilà que, de façon inattendue,
des semaines, des mois de confinement,
nous font ce cadeau : le TEMPS !
Ce temps que nous ne parvenions pas à retenir,
qui glissait entre nos doigts comme une eau
impétueuse, impossible à maîtriser.
Ce temps nous était soudain offert, paisible,
transparent comme l’eau d’un lagon.
Mais s’y mêlait un sentiment étrange.
Nous étions si peu habitués à ce que le temps
s’offre à nous que nous ne savions plus
par quel bout le prendre, comment le manipuler !
Nous avions pris l’habitude de « jongler » avec le temps,
de « gagner du temps », de « perdre du temps »,
parfois même de « tuer le temps », sans vergogne.
Depuis si long temps, nous n’avions pas le temps !
Depuis si « long temps », nous oscillions
entre « beau temps » et « mauvais temps »
comme si la pluie bienfaisante
était synonyme de « mauvais temps » !…
Il est vrai qu’il n’est pas bon de sortir par « gros temps ».
Ce temps disponible, nous devions apprendre
à le remplir soudain, le remplir de la présence
d’amis perdus de vue, de personnes âgées ou d’autres…
Nous allions vers eux en pensées, au téléphone,
grâce aux réseaux sociaux, par courrier…
Et cette solitude nous dévoilait
ce que nous oubliions le plus souvent :
nous sommes des êtres de relations.
Alors, ressaisissons-nous « à temps »
et faisons de ce « temps libéré »
un « temps fort » de réflexion.
Finalement, nous découvrions que,
pour « avoir le temps », il suffisait
de « prendre le temps » !…
Bruno DEROUX