Vivre le Dimanche des RAMEAUX à la maison – Père Bruno Deroux

POUR VIVRE LE DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION,

SEUL OU EN FAMILLE (5 Avril 2020)

Cette année, nous ne pourrons pas nous rassembler comme nous le faisons chaque année… Nous intégrerons la bénédiction des rameaux dans une célébration ultérieure (si possible dans le temps pascal). Mais voici ce que nous vous proposons :

= Vous disposez une belle croix dans un coin de la maison que vous transformerez en un « coin prière »… S’il y a des enfants et des jeunes, donnez-leur mission de faire cette croix avec deux bouts de bois, par exemple…

= Vous pouvez lire ensuite le récit de la Passion(dans l’Évangile selon Saint Matthieu 26/14 à 27/66)… en lisant à plusieurs : lecteur, Jésus, disciples, foule… et en jouant quelques scènes que vous aurez répétées, pourquoi pas ?

= Je vous joins une méditation pour vous aider à entrer dans ce récit…

= Vous priez alors le « Notre Père »… avant de chanter un chant à Marie ou de prier avec un « Je vous salue »… Marie était là, au pied de la croix, et peut nous aider…

MÉDITATION DU DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION-Matthieu 26/ 14 à 27/ 66

Chaque année, nombreux sont ceux et celles qui affluent d’ordinaire dans les églises pour ce dimanche des rameaux, branches d’olivier en mains. En procession, nous rappelons l’entrée de Jésus à Jérusalem, sur un âne… Une monture bien peu noble ! Les rois et les guerriers montent à cheval ; Jésus est Roi de Paix… Mais ce même jour, nous entendons le récit de la Passion : cette année dans l’Évangile selon Saint Matthieu. C’est pourquoi ce dimanche est celui « des rameaux et de la Passion ». Ne dissocions jamais les deux, ne serait-ce que pour nous rappeler le côté versatile des foules ! Car parmi ceux qui acclament Jésus, certains crieront « à mort ! »quelques jours plus tard… En ce temps d’épreuve, beaucoup se tournent vers Dieu. Rien ne dit qu’une fois l’épreuve passée nous ne redeviendrons pas tièdes !… Cette semaine est la Semaine Sainte… Sainte signifie « à part »… Elle le sera vraiment cette année. Après avoir écouté la Parole de Dieu, j’aimerais relever quelques points de méditation. Tout commence avec Judas. Il trahit Jésus pour 30 deniers : c’est le prix de vente d’un esclave ! Rappelons-nous cet hymne aux Philippiens : Jésus »a pris la condition de serviteur, d’esclave »…

Au cours du dernier repas, Matthieu est le seul à écrire, au moment où Jésus prend la coupe : « En rémission des péchés ». Dans les sacrifices du temple, on versait le sang des animaux pour le pardon des péchés. Ce temps est terminé ; par son sang versé, le Christ Jésus justifiera la multitude… On lit dans le livre du Lévitique : « La vie d’une créature est dans le sang, et moi je vous l’ai donné sur l’autel pour l’absolution de votre vie. » (17/11)

Voici Jésus au jardin des oliviers, en agonie. En grec, « agonie » veut dire « combat ». Jésus s’est anéanti, disait la lettre aux Philippiens : littéralement il s’est « vidé » ! Il se donne tout entier… par amour… C’est le temps du combat : « Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! »Vient son arrestation. L’un de ceux qui sont avec lui tire son épée. On peut le comprendre ! Mais Jésus ne veut pas de cette violence… Pas plus que devant Caïphe où il subit crachats, gifles et coups… Il garde le silence, comme devant Pilate, et quand il sera en croix devant les passants, les grands prêtres et scribes, et même les bandits crucifiés avec lui (Matthieu ne sait pas que l’un d’eux a regardé Jésus avec amour : seul Jean était là !)…

Ah, si le silence de Jésus pouvait nous parler, nous qui sommes si prompts à réagir devant l’injustice ! « J’ai rendu ma face dure comme pierre », disait Isaïe ; en anglais, on dit « j’ai gardé la lèvre rigide »… Jésus ne dit rien, il est innocent : Judas lui-même l’a reconnu, la femme de Pilate aussi… On ne peut pas en dire autant de Pilate qui, lui, se lave les mains et se dit innocent ! Que de fois nous pensons : « Je n’y suis pour rien ! »Pendant le procès de Jésus, il y a aussi Pierre qui va le renier, par peur, par lâcheté. Personne n’est à l’abri… Que de fois nous n’osons pas dire que nous sommes chrétiens !… Osons pleurer sur nous-mêmes, comme Pierre…Matthieu est le seul à nous rapporter le dialogue de Pilate avec les juifs ainsi que l’intervention de sa femme. Voilà un homme qui se débat, prisonnier de sa fonction. Combien connaissent ce mal-être, cette tension entre leur conscience profonde et leurs actes ?Avant de partir pour le Golgotha, les soldats s’acharnent. Ils rassemblent la garde pour se moquer de lui, lui mettant un manteau rouge, une couronne d’épines, un roseau en guise de sceptre, crachant sur lui… Oui, les hommes sont capables d’un déchaînement de haine incontrôlable ! L’histoire en témoigne encore aujourd’hui…Voici Jésus en croix. Et son cri déchire le ciel : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

« Ce sont les premiers mots d’un psaume qui, après une longue litanie de détresse, s’achève par une action de grâce : « Tu m’as répondu ! » Devant l’insupportable, nombreux sont ceux qui crient encore : « Mon Dieu »… Prions pour qu’ils puissent entendre, du fond de leur cœur, la réponse du Seigneur…Enfin, Jésus meurt. Tremblement de terre. Rideau du temple déchiré en deux. Tombeaux ouverts… La terre s’en trouve chamboulée, y compris dans ses rites religieux… La mort de Jésus n’est pas seulement la mort d’un homme, aussi extraordinaire soit-il ! C’est la mort de l’Homme-Dieu, de Celui « qui tient en main les profondeurs de la terre » (Psaume 94/4) !…Et puis, il y cette mention propre à Matthieu : une fois Jésus déposé dans le tombeau, une garde y est placée. On le saura par la suite, une histoire se propagera selon laquelle les disciples seraient venus voler le corps pendant la nuit… On se demande bien pourquoi ! Là encore, les hypothèses ne manquent pas depuis 2000 ans pour démonter la Nouvelle du Ressuscité ! Mais nous serions pas là si la Passion de Jésus ne débouchait pas sur le matin de Pâques…